Si l'on comprend ce qui a plu à François Ozon dans ce roman qu'il adapte après avoir rêvé que quelqu'un comme Gus Van Sant s'en charge avant lui, et si l'on ne peut douter de l'honnêteté du réalisateur dans son investissement à signer une oeuvre très personnelle, on pourra tout de même reprocher à son film quelques défauts embêtants.
Sur la forme déjà, la reconstitution d'époque est trop appliquée : les décors sentent les décors, certains objets ont clairement été posés dans le cadre pour venir appuyer symboliquement l'émotion ou l'action de la scène, la B.O. fait très jukebox...
Et puis il nous rejoue un peu Dans la maison, avec cette relation prof-élève assez toc et cette métaphore très balourde sur l'écriture salvatrice.
Quant au fond, si l'on est débord séduit par les débuts d'une passion mortifère habilement montée en suspense quasi policier, on finit par remarquer les grosses ficelles du scénario (genre le journal télé régional bidon qui couvre l'accident de moto : pas crédible, ni en tant qu'objet, ni dans le tempo narratif) et rester sur sa faim lorsqu'il accouche d'une morale un peu puérile ("on invente les gens qu'on aime") aussitôt doublée d'une autre carrément fumeuse ("il faut échapper à son histoire").
Mouais.