Dans une œuvre aussi lumineuse que menaçante, François Ozon fait cohabiter les codes du teen-movie, du film romantique et du thriller avec la maturité et la maîtrise qu’on lui connait désormais.
Toujours aussi habile pour tordre la chronologie et biaiser notre regard au jeu des (fausses) apparences), il évoque la naissance d’un premier amour, beau, trouble, contrarié et contrariant et au dénouement tragique.
Ozon prend autant de soin à reconstituer avec minutie ses années 80 qu’à construire un récit imprévisible et captivant. Le grain de l’image, les musiques et les fringues sont autant de madeleines d’une décennie moquée pour ses outrances et son peu de classe mais empreinte d’une bienveillante nostalgie. Le réalisateur se permet même un clin d’œil appuyé à La Boum pour l’un des très beaux moments du film.
Cette fidèle restitution sert de cadre à une histoire tendre et passionnelle qui prend très vite le pas sur le thriller contrairement à ce que Ozon avait d’abord astucieusement suggéré.
Le réalisateur a confié porter ce projet depuis longtemps, ce film qu’il aurait voulu pouvoir découvrir lorsqu’il était lui-même adolescent. Il n’est de toute évidence pas le seul. De cette volonté très intime et personnelle que l’on perçoit à l’écran émerge une sorte d’universalité que la voix off renforce en permettant au spectateur de s’identifier à son héros. L’emploi de la première personne, déjà utilisé dans l’excellent Dans la Maison lui permet également de brouiller les pistes et de flouter la frontière entre réalité et fantasme, comme il aime tant le faire.
Été 85 est parcouru de l’élan des premiers émois, exaltés et éphémères, magnifiquement capturé dans une mise en scène pure et sensuelle. Une histoire incarnée avec talent par ses deux jeunes acteurs fougueux et complexes, traduisant à merveille l’ambiguïté de leur relation. Un peu en retrait, Valéria Bruni Tedeschi, Melvil Poupaud et Isabelle Nanty brillent tout autant, et donnent corps à l’ensemble.
L’excellence est dans les détails, et Été 85 n’en manque pas.