François Ozon choisit d’ancrer cette histoire de désir et d’amour universelle en Normandie (au Tréport) et dans les années 80 comme l’indique son titre. L’époque est décidément à la mode au cinéma (effet « Stranger Things » ?) mais ici pas de nostalgie mal placée. Son cadre permet l’utilisation de tubes des eighties avec en particulier « Sailing » de Rod Stewart utilisé brillamment (l'idée du walkman) lors de 2 scènes qui se font échos.
Ozon ose (!) le lyrisme romantique sans tomber dans le ridicule ou la mièvrerie. Au contraire, il n’hésite pas à injecter de l’humour dans des scènes pouvant être macabres ou tristes et à faire planer un parfum de mélancolie dans les instants de bonheur.
La fausse piste de l’introduction avec l’utilisation d’une voix off qui semble nous promettre un thriller est vite balayée : il s’agit en fait d’un exutoire par l’écriture (un peu comme « Dans la maison » ; même si les objectifs des protagonistes sont différents).
Ozon s’avère être, une nouvelle fois, un excellent directeur d’acteur avec un duo plein d’alchimie et de grâce (Benjamin Voisin confirmant les espoirs placés en lui et la révélation Felix Lefebvre). Dommage que le film soit passé un peu inaperçu (sortie en début de post-crise covid) car il s’agit d’un des plus beaux opus du cinéaste (avec « Grâce à Dieu » et « Sous le sable » selon moi) qui aurait mérité de rencontrer un plus large public.
« Eté 85 » est juste, sensible et plein d’élan comme la jeunesse éprise de liberté qu’il dépeint.