Eté 93, c’est l’été qui a changé la vie de Frida. Au début du film, comme elle, on ne comprend pas bien. Elle est emmenée depuis l’endroit où elle n’a désormais plus d’attaches vers un endroit où elle n’en a encore aucune. Et même si elle n’est pas seule, on comprend sa solitude immense.
Eté 93, c’est une petite personne qui vit l’enfer emmenée dans un paradis. Il fait beau, trop beau, la nature est aussi éclatante que la maison idyllique et ses habitants paisibles et bienveillants. Un contraste s’installe à l’écran, entre Frida, perdue et démunie dont on suit tous les mouvements, et ce monde lumineux dans lequel elle ne peut pas (encore) évoluer, qu’elle ne veut ni ne peut rejoindre.
Dans le film de Carla Simon Pipó, peu est dit et tout est ressenti. Le jeu incroyable de Frida, et de sa sœur d’adoption, Anna, sert toute la subtilité du film, qui n’est pas basée sur le scénario mais bien sur des scènes de vie au quotidien, vécues comme des épreuves et des étapes fondamentales.
Tout est si juste et on comprend donc sans le savoir que la réalisatrice raconte ici sa propre histoire. Loin des récits biographiques extraordinaires, Carla Simon a su simplement nous transmettre beaucoup d’elle-même, nous émouvoir et nous replonger dans les moments fondateurs de nos vies dont on ne sait pas toujours, comme elle, tirer le meilleur.