Pour mémoire : deux gosses (têtus) qui fuguent de la maison, qui jouent au train en invitant leurs copains et en occupant tout l'espace de circulation. Des adultes qui mangent des confiseries en cachette des enfants. Une jeune femme qui n'en fait qu'à sa tête et qui finit par se décider sur un coup de cette même tête, un coup qu'elle pourrait avoir mûri depuis longtemps mais sans qu'elle s'en soit rendu compte (et qui fait pleurer la mère du fiancé d'émotion et nous avec). Imprévu et prévu. Révolte, fugues et retour dans le rang (mais riche du voyage et de la décision prise). Rien que du cinéma, rien que du bonheur.
Un bonheur qui semble passer par Setsuko Hara, qui incarne cette légèreté à laquelle je ne vois que Mozart qui puisse se comparer (il y a aussi une magie qu'il faudrait expliquer plus longuement dans cette présence qui semble parler par le jeu avec Ozu lui-même, ce don de sa personne, d'une chose précieuse comme la joie pure, gratuite et irraisonnée).
Donc, Noriko a 28 ans (Setsuko Hara), elle vit avec ses parents, son frère et sa femme et leur deux enfants. Une maison qui respire le bonheur mais il faut tout de même penser au mariage.. du moins, sa famille s'en charge un peu pour elle.
Elle travaille, elle voit ses amies et ne semble guère s'en soucier.
Organisation du mouvement et de la circulation entre les pièces, la maison semble toujours 'habitée', comme un fleuve.
Plan final avec travelling latéral et recadrage qui transforme les blés en fleuve aussi.
Drôlerie des scènes avec les enfants (dans l'esprit insolent et si jubilatoire de 'Bonjour'.., des Gosses de Tokyo et, en général de tout film d'Ozu avec des enfants).
Ozu fait un film rien qu'avec du bonheur, contredit toutes les règles préétablies parce qu'il prend chaque chose par un bout qui lui est unique, fait une histoire de tout et remet chaque chose dans un flux, en l'occurence la famille, partie miroir d'un monde total.