Ah quel joli titre !
Merci aux traducteurs de ne pas l'avoir rendu ridicule avec une traduction ou une adaptation française inappropriée pour faciliter la tâche du spectateur.
Michel Gondry nous propose de suivre l'histoire d'amour entre deux jeunes gens Clémentine et Joël. Ces deux là sont différents, tout ou presque les oppose mais ils s'aiment. Il est introverti, timide, peu sûr de lui et casanier, elle est extravertie, excentrique et limite provocante.
Rien de bien original a priori donc ! Sauf que Michel Gondry n'est ni plus ni moins qu'un marchand de rêve.
Il fait de sa romance un voyage onirique d'une poésie majestueuse.
On voyage à travers le temps, l'espace et les souvenirs.
Il nous conte l'histoire d'une rencontre qui semble simple : une plage, un train...
Mais sommes nous vraiment bien là et quand nous croyons être ?
Ces deux inconnus viennent-ils vraiment de faire connaissance ?
On se rend vite compte que nous, spectateurs, rencontrons ces deux personnes à un stade de leur relation où ils ne se supportent plus.
Le scénariste Charlie Kaufman est peu habitué à se vautrer dans la facilité. Quand il se décide à écrire une histoire d'amour, il la veut à plusieurs facettes. et là, il choisit de remonter jusqu'à la source de leur amour.
A l'intrigue principale, viennent se greffer plusieurs intrigues secondaires ou annexes. Chacune éclairant l'autre à un moment ou un autre.
Mais ce n'est pas tout !
Le film va chercher à sonder les tréfonds de l'âme humaine en essayant de montrer le rôle des souvenirs dans la construction de l'être humain que nous sommes, dans une relation à l'autre.
Le spectateur est baladé dans les tourments des cœurs de Clémentine et Joël sans repère temporel.
Venons en à l'interprétation !
Quatuor de charme(s) et de talent(s), le casting est royal.
Kate Winslet trouve un rôle que peu de femmes ont eu l'occasion d'interpréter et s'en donne à coeur joie. Une jeune femme amoureuse, pleine de vie et entière qui ne supporte pas les verres à moitié pleins qu'on lui donne à consommer à longueur de temps. Elle a soif d'absolu.
Jim Carrey trouve ici son meilleur rôle ni plus ni moins et le monde a découvert grâce à ce film que c'était un acteur et pas une grimace sur pattes élastiques. Les seconds rôles sont tout aussi fantastiques avec la douce et touchant Mary (Kirsten Dunst tout en beauté et fragilité) Mark Ruffalo et Elijah Wood avant de ne devenir le porteur de l'anneau sacré pour l'éternité.
Le fait de vouloir essayer de na pas souffrir en bannissant tout sentiment, tout souvenir même agréable de l'être qui nous a fait souffrir est ici un désir impossible qui devient réalité. Pour cela, le réalisateur nous fait rentrer dans les rêves, il nous les fait vivre. Il faut effacer toute trace jusque dans les moindres recoins... quitte à ne plus rien ressentir et se transformer en mort vivant.
Ce mécanisme nous montre la force de ce qui nous attache à l'autre, la présence et la place qu'il occupe à notre insu.
Gondry à sa manière toute personnelle nous offre un voyage au coeur des sentiments, mèle un scènario d'une richesse foisonnante à son savoir faire artisanal et met les acteurs fantastiques au service complet de son histoire.
Une des plus grandes romances de la décennie à n'en pas douter.