Quand le scénariste Charlie Kaufman rencontre Michel Gondry, ça fait des étincelles ! Pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu, il serait criminel de dévoiler les détails de l’intrigue de « Eternal Sunshine of the Spotless Mind ». Disons qu’il s’agit d’un voyage à travers une histoire d’amour, via la mémoire d’un homme.
L’occasion pour l’équipe derrière la caméra de s’éclater. Un peu comme dans « Being John Malkovich », le scénario emboîte des idées barrées avec une logique pourtant très robuste. Tandis que la mise en scène est particulièrement inventive et poétique, se basant sur beaucoup d’effets pratiques. Et oui, le film a été tourné sur pellicule, un peu difficile à croire vu d’aujourd’hui quand on voit le type d’effets mis en place, beaucoup plus faciles avec du numérique !
Un tournage d’ailleurs réputé difficile. Certains acteurs n’appréciant pas trop le style de Gondry, quand Jim Carrey, connu pour ses improvisations, a été semble-t-il fortement bridé par le réalisateur. Toujours est-il que l’acteur livre une étonnante performance en total contre-emploi, celle d’un homme renfermé et timide. Car c’est Kate Winslet qui joue ici l’extravertie ! Il se murmure aussi que la directrice photo a eu les plus grandes peines à éclairer le film, à cause de l’absence de marquage au sol pour les acteurs, et le souhait de Gondry de fonctionner avec de la lumière « naturelle ».
Pourtant, le résultat est assez exceptionnel. Le film alterne des imageries (volontairement) semi-sinistres, à deux doigts du documentaire, de la poésie, et des passages complètement fous. Le tout pour aborder avec beaucoup d’intelligence le thème de la mémoire : sa non-linéarité, sa non-fiabilité… et évidemment son rapport aux sentiments. Qu’est-ce qui constitue le cœur d’une relation ? L’instant présent ou le cumul des souvenirs physiques et intellectuels ?
Un très beau film, et l’une des romances les plus marquantes des années 2000.