"Celui qui veut seulement espérer est lâche. Celui qui veut seulement se ressouvenir est voluptueux. Mais celui qui veut la Reprise est viril" disait Kierkegaard. Ainsi, ce film est à première vue voluptueux, la mémoire se perd et se rattrape, pas un jour passe sans que le ressouvenir de l'amour-passion des premiers jours se fassent désirer, pas un seul des plus sombres songes éteindra l'éclat de la plénitude. Ce film montre a quel point le rêve est la porte de la mémoire, il crée une fiction à partir de notre passé, il hante, il tourmente. J'ai eu un regard très kierkegaardien sur ce film. L'amour à jamais greffé à une ineluctable mélancolie qui avec le temps se metamorphose en haine. Mais c'est ensuite que se produit la Reprise, sans espérance aucune, la voilà. La mémoire aura beau s'effacer, ce sera toujours le même instant gorgé des mêmes volontés qui se produira et se reproduira encore et toujours. Il se retrouve pour se perdre, pas besoin de tourner deux heures supplémentaires pour savoir que les deux amoureux se déchireront à sang de nouveau pour se soigner mutuellement plus tard.
Pour ce qui est de la forme, Michel Gondry montre encore sa connaissance de la science des rêves. le rêve, avec sa propre cohérence, ses propres lois, nous nous y perdons. Piégé dans une chronologie schizophrénique, tel est la construction des songes. La musique adoucie les peines, la REPRISE de Beck est magique,
Bref un bijou, mon modeste avis.