Le found-footage, genre popularisé et codifié par Le Projet Blair Witch, avait le vent en poupe à l’Etrange Festival cette année avec pas moins de 4 représentants, dont cet Europa Report. A propos de ce genre, j’ai toujours pensé, et je continue de penser , qu’il peut être utilisé de manière intelligente pour créer un discours – The Bay, avec sa multiplicité de sources, donc de points de vues, traitait de la véracité qu'on accorde aux images, de l’aspect viral de la vidéo sur Internet (tout en tenant un discours écolo assez féroce) – ou de composer avec les limites d’un budget – Paranormal Activity ou Blair Witch sont tous deux des films fauchés qui utilisent ce dispositif pour suggérer (c’est moins cher) que montrer l’horreur des situations.
Aussi, le choix de tourner une histoire de cette façon permet, lorsque c’est réussi, de donner un sentiment de réalité beaucoup plus fort qu’avec une mise-en-scène « classique ». Attention, je ne dis pas que le found-footage est plus crédible qu’un film d’horreur classique ni qu’il fonctionne mieux – les artifices de cinéma sont tout aussi efficaces quand il s’agit de faire peur – mais que cette façon de filmer renforce, dans mon cas, la suspension d’incrédulité du spectateur et donne aux images une authenticité qui permet une meilleure identification : on suit des personnages dans des quotidiens similaires aux nôtres, ils parlent de tout et de rien sans véritables dialogues "écrits", les scènes se déroulent dans des environnements familiers, quotidiens… Bref, le found-footage peut être, à mon sens, un excellent « truc » de mise-en-scène pour illustrer des histoires de maison hantée, de possession… quand il est intelligemment utilisé ou de manière originale.
Arrive le cas Europa Report. Je ne m’étalerai pas sur ce dernier puisqu’il n’est qu’un found-footage de plus, paresseux et ne remplissant aucun des deux objectifs cités ci-dessus : il ne crée aucun discours via le dispositif, pas plus qu’il ne compense une quelconque limitation budgétaire. Pire, c’est typiquement le genre de film qui aurait gagné à avoir une mise-en-scène « classique » pour créer une vraie atmosphère et une impression de confinement plus angoissante : l’espace restreint de la navette spatiale étant un environnement idéal pour les suspenses paranos et claustros.
Un ratage complet, opportuniste dans son utilisation du found-footage, au propos humaniste très consensuel et surtout, au déroulement incroyablement prévisible.