De la SF minimaliste au service d'un suspense bien rôdé

Europa Report n’est pas le film SF le plus connu dans le cinéma moderne. Sorti dans l’anonymat le plus total en 2013, ce film revient sur le lancement d’un voyage spatial habité à destination d’Europe, l’une des lunes de Jupiter suite à la découverte de l’eau. Cependant, toute communication sera perdue avec l’équipage, c’est seulement via des images retrouvées que le film parvient à imbriquer pour nous raconter l’issue de cette mission. C’est évidemment le voyage le plus long de toute l’humanité et donc une sacré ambition que nous offre ce film. Mais dans ces premières minutes, celui-ci nous fait comprendre qu’il est loin de vouloir faire dans le spectaculaire et prend une position plus intimiste au cœur de l’équipage. On plonge rapidement dans l’intrigue puisqu’un membre a disparu laissant le reste de l’équipage dans le doute quant à la suite de leur mission. Le film n’impressionne guère par sa mise en scène, il fait le choix de raconter son histoire par le biais de caméras de surveillance de la navette qui les emmène. On assiste donc régulièrement à des plans fixes mais ce choix va s’avérer pourtant payant puisque cela renforce le sentiment d’isolation de l’équipage à travers plusieurs scènes intimistes. Puis au bout de quelques minutes, le film se décide d’alterner avec les évènements qui ont marqué la disparition de l’un des membres lors de leur voyage vers Europe. En parallèle, on découvre également les origines de cette mission via des images d’archive et des commentaires de l’équipe en charge de la mission. Cela appuie le côté presque documentaire du film et apporte un certain cachet. Au fur et à mesure, la tension grimpe, on sent cet équipage marqué par cette perte avant de prendre la décision de poursuivre la mission sur Europe. Ils parviendront à atterrir sur la lune, cependant pas d’effusion de joie, on est loin de l’enthousiasme attendu d’autant plus que les premiers jours vont apporter leur lot de mystère. En effet, l’équipage va assister à des évènements étranges sans oublier de revenir perpétuellement sur les origines de la perte de l’un des membres d’équipage. On se demande où le film veut nous emmener avant de nous apporter la réponse qui aura des conséquences sur la suite de la mission. L’ambiance est donc lourde et dans sa deuxième partie, l’action se déroule essentiellement sur Europe avec des manifestations étranges qui ne font que renforcer le suspense ambiant avec un ton presque horrifique. L’équipage arrivera-t-il désormais à quitter la lune de Jupiter ? Le doute est tout cas permis sur l’issue de chacun des membres à travers leurs péripéties.

Europa Report se distingue par son absence d’émotion ou de grandiloquence avec des effets tape-à l’œil, jusqu’au bout le film se contente de tout filmer par des caméras fixes et assume son parti pris minimaliste. Mêmes le sorties spatiales se font toujours par le biais de caméras intégrées dans les combinaisons. Néanmoins, il parvient à maintenir un certain mystère autour de sa mission. On comprend finalement ce choix dans la première partie de revenir sur la perte de l’un des membres qui ne fait qu’alourdir l’atmosphère au sein de la navette et parvient ainsi à maintenir un suspense jusqu’à son dénouement. Côté casting, on pourra reconnaitre des têtes connues comme Sharlto Copley vu dans District 9 (2009 ou encore Michael Nyqvist dans la première adaptation de la saga littéraire de Millenium avec Noomi Rapace. Globalement, on n’est pas sur de l’interprétation de premier plan, les acteurs font le travail de manière classique. A noter également la musique efficace de Bear McCreary (le compositeur n’en finit plus de faire parler de lui ces dernières années entre les compositions de God of War dans l’univers vidéoludique ou bien des Anneaux de Pouvoir, série phare de Prime Video sortie l’année dernière). Le compositeur nous offre des partitions souvent discrètes mais qui font toujours leur effet.

On assiste au final à un petit suspense spatial sans prétention mais efficace dans ce qu’il propose avec un dénouement efficace qui nous laisse penser que ce film aurait mérité davantage de lumière.


tdurden44
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le 20 mars 2023

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