Chouette horreur spatiale, prévisible mais bien ficelée.
Une mission vers Europe, dans le but de trouver de la vie. Sept astronautes internationaux : la pilote anglaise, le spationaute russe et son homologue américain, l'océanographe russe (Karolyna Wydra, la fausse femme de Dr House, qui vient de faire son arrivée dans la nouvelle saison de "Justified"), son homologue luxembourgeois, le capitaine chinois. Le film se présente comme une collection de vidéos de la mission, un peu comme de la téléréalité, le tout commenté par la principale instigatrice du projet. L'ensemble fonctionne sous forme d'ellipses, de flashback, et aussi d'une peur : celle de voir l'image coupée.
Quel beau thème que celui de la conquête spatiale. Surtout si on le couple avec un danger difficile à identifier. Qu'y a-t-il sous la glace d'Europe ? Quelle part des emmerdes qui arrivent à l'équipage relève de la malchance, quelle part s'explique par une autre forme de vie, par l'hostilité de l'environnement ? Ici, le danger qu'affrontent nos astronautes est signalé par des interférences de transmission, des luminescences étrangers qui désynchronisent les verts et les rouges autour des volumes.
On se situe plus du côté de "2001" que de "Gravity", et c'est tant mieux. Le film est certes un petit budget, sans acteurs connus, et les incidents attendus risquent d'apparaître comme cousus de fil blanc aux plus blasés. Mais pour ceux que la conquête spatiale fait rêver, pour le public un peu averti, le film sera un très bon moment (vous apprendrez au passage les dangers liés à l'exposition à l'hydrazine). Tout est crédible, plus en tout cas que dans le "Mission to Mars" de De Palma (que j'aime cependant beaucoup). Moins spectaculaire.
Bon OK, le coup des images hachées peut sembler un peu fatigant à la longue. On aurait aimé un peu plus d'indices inquiétants que ces lumières, qui font un peu fauchées. Et surtout, pourquoi font-ils sortir Katya Petrovna sans l'attacher ?
Mais les quelques extérieurs d'Europe sont fascinants, et on est comme Petrovna : on aimerait rester plus longtemps dessus. Quelle belle scène, aussi, que celle de la descente du module sur la surface crevassée d'Europe, ou encore ce coucher de soleil qui fait fondre les ombres et lumières de la lune dans un même disque noir, d'où émerge une faible lumière.
J'aurais enlevé un peu d'action et rajouté un peu de contemplation (Jupiter, quoi !), mais sinon j'ai passé un très bon moment. Sinon, la musique fait bien le boulot, une musique envoûtante et aérienne, c'est tout à fait ce qu'on attend d'un film de ce genre.
Merci.