Thriller parasitaire

Thomas est un jeune homme manipulateur et mystificateur qui passe pour un écrivain prometteur. Il rencontre Eva, une femme troublante et mystérieuse qui vend ses charmes. Cette rencontre va le bouleverser...

Eva est un film de Benoit Jacquot de 2018. Il raconte la fascination d'un ex gigolo, escroc chanceux à qui tout a souri jusqu'à présent qui se met en tête de séduire une prostituée dont le mari est en prison.

Eva repose sur un scénario qui rappelle de nombreux films. Le thème de l'écrivain raté qui récupère un manuscrit dont il tire tous les bénéfices alors qu'il ne l'a pas écrit a été utilisé notamment dans Murder of crows et dans un homme idéal. L'angoisse de la page blanche pour le deuxième roman, les problèmes avec son éditeur alors qu'il s'est trouvé une magnifique petite nana bien née sont également dans le prolongement de ces 2 films.

Le sujet de la relation déviante avec la même Isabelle Huppert fut mis en scène l'an dernier, mais en beaucoup mieux, par Paul Verhoeven pour Elle.

Eva est un film qui fait penser à de nombreux autres métrages plutôt réussis. Le problème c'est qu'il est plutôt médiocre.

Du point de vue de la vraisemblance du scénario, on ne comprend pas les ressorts psychologiques qui animent le personnage de Bertrand, interprété par Gaspard Ulliel. Pourquoi se mettre autant en danger alors que "tout lui tombe tout cuit dans le bec" sans le moindre effort?

D'autant plus que le personnage d'Eva est particulièrement "réfrigérant". Isabelle Huppert incarne très bien sans se forcer ce personnage de femme froide et cérébrale qui pratique "l'amour tarifé" en gardant particulièrement ses distances avec la gente masculine, chérissant plus que tout son antiquaire de mari sous les barreaux.

Au crépuscule de sa vie de prostituée, Eva est tellement "glaciale" que l'on ne comprend pas l'acharnement de Bertrand, si ce n'est pour écrire sa pseudo pièce de théâtre et trouver des dialogues" à 2 balles". Or, ce ne sont pas les dialogues entre les deux protagonistes qui lui permettront d'aller loin....

Ce qui est drôle, c'est que Bertand a toujours l'air de préparer un mauvais coup avec son regard en coin comme s'il était maître du jeu...lorsque l'on connait la fin du film, on réalise que ce n'est VRAIMENT qu'une impression vu comme tout lui revient en pleine figure au sens propre comme au sens figuré et qu'il n'a jamais rien contrôlé.

La fin du film confine au ridicule.

Tout le scénario de ce thriller parasitaire (parce qu'aux "emprunts" nombreux...) fait sombrer le film dans le burlesque involontaire lui ôtant toute crédibilité et poussant le spectateur à s'interroger sur sa présence dans la salle lors du générique de fin.

Ma note: 4/10