On connait tous des gens détestables, des personnes sans aucune modestie, des personnes arrogantes, égoïstes, profiteuses, acerbes, autoritaires, coléreuses, égocentriques, hypocrites, intolérantes, rigides, vaniteuses... détestables à souhait !
Eh bien réunissez tout cela, et insérez le dans un personnage : Margo. (Vous insérez ça par où vous voulez, peu importe). Margo, modèle adulé d'Eve, prête à tout pour atteindre son rang d'icône au théâtre.
All about Eve, voilà ce qui nous est promis par le réalisateur Joseph Mankiewznce.. Mankiekwi... voilà ce qui nous est promis par Joseph. Nous assistons donc à l'incroyable ascension d'une jeune groupie à priori naïve en quête de succès sur les planches (pas celles de Deauville, mais bien du théâtre).
Et le film ne nous cache rien, la scène d'introduction nous montre qu'elle aura réussit à s'imposer comme étant la plus grande comédienne et obtiendra une récompense à juste titre. Mais... comment ? Eh bah Joseph Mankietwix nous dévoile tout sur cette enfant perdue qui deviendra star reconnue, via d'immenses flashbacks.
Le film est en quelques sortes séparé en deux parties. Tout d'abord l'improbable invitation d'Eve devant cette belle communauté tant souhaité par le personnage, qui aboutira à une adaptation toujours aussi improbable, à la bande de Margo, qui l’hébergera chez elle en échanges de modestes loyaux services. Et c'est là, la grande réussite du film, l'ascension d'une femme qui en veut, qui donne tout ce qu'elle a pour un moindre privilège, qui demande qu'à être plus inclus dans ce groupe d'élite, d'obtenir la moindre chance de participer au travail sur la pièce. Mais c'est avant tout une femme dont l'espoir n'a d'égale que son intelligence qui rêve juste de briller un jour sur une scène.
Mankiekwiz nous offre pas seulement un personnage haut en couleurs, en noir & blanc certes, mais une des figures les plus intéressantes du cinéma, qu'on dévore à pleine dents sur cette première partie.
Mais y a comme un hic ! (C'est pas logique.. ♫) Après avoir réussi à s'intégrer parfaitement dans ce cercle très fermé, notre chère Eve accède à un poste de doublure... de son idole de toujours : Margo Channing.
Et, c'est à ce moment très précis (Où tu m'as dit: " Je vais partir " ♫... aucun rapport mais Cloclo est jaloux de Jenifer), c'est à ce moment très précis qu'on se concentre plus profondément sur l'idole des jeunes. Et bordel, qu'est-ce qu'elle fait chier la vieille là, elle est pas trop casse-couilles ? Personne d'autres n'a envie de lui faire bouffer sa fourrure et lui mettre sa bouteille de champagne dans le c... dans la
gueule ?!
C'est le seul protagoniste détestable de ce long-métrage, Addison, Karen, Bill et Lloyd sont quand à eux très intéressants.
Mais cela à au moins le mérite d'accentuer le bonheur d'assister à la chute de la star, au bonheur de notre dame.
All about Eve, est un grand film à base de dialogues, de personnages, d'ambiance parfois molle mais jamais inintéressante.
C'est un peu comme une pièce de théâtre sur une pièce de théâtre, où on ne sait vraiment jamais si les acteurs jouent un rôle ou s'ils sont réellement sincères, et Eve excelle dans ce domaine, que ce soit le personnage ou le film en lui-même. Il s'autorise quand même quelques facilités qu'on devrait observer seulement au théâtre et non au cinéma : Le personnage discute, sort de la pièce, pour qu'un autre protagoniste fasse à son tour une apparition soudaine, et ainsi de suite. C'est très convenu mais manque cruellement du subtilité qui nuit à une certaine crédibilité autour du film.
Malgré tout ça, Eve est un bon film intéressant sur le théâtre, sa réussite et ses perversions. On peut jeter des roses à Joseph Mankiewicz et son oeuvre. Celles aux grosses épines qui t'arrachent les mains.