Première belle claque du festival de Cannes !
Présenté en Ouverture du festival (1ère fois qu'un film non francophone ni anglophone ouvre le festival depuis 2004), Todos lo saben (ou Everybody Knows pour le titre français, parce qu'en Anglais ça fait toujours plus chic) décortique de façon très fine les relations familiales, le temps d'un mariage puis d'une enquête. Ashgar Farhadi est coutumier du fait : déjà avec ses précédents films - Une Séparation, Le Client - l'unité de la famille vole en éclat.
Le réalisateur iranien quitte son pays natal pour livrer un film au cœur du soleil espagnol, tout en évitant l'écueil du "film de touriste" et des clichés espagnols. L'idée du film, venue à 15 ans lors d'un voyage en Espagne, a longtemps mûrie.
Laura, partie vivre avec son mari Alejandro en Argentine, revient en Espagne à l'occasion du mariage de sa sœur. Les festivités vont bon train et on ne peut s’empêcher durant la première partie du film, de penser aux accents de couleurs et de joie du maître espagnol Almodovar. Pourtant, d'un coup et sans préavis, le film bascule dans le drame. Quelques coupures de journaux, une panne électrique, et l'enlèvement mystérieux de sa fille aînée. Toutes les clés sont données au spectateur pour qu'il se creuse les méninges. En quelques minutes, la légèreté de ton laisse la place à l'anxiété. Le film s'engouffre dans un thriller haletant.
Todos lo saben est un film hors des sentiers battus, aux rebondissements aussi inattendus que surprenants, au rythme parfaitement dosé et aux petits détails de la vie si bien exposés.
Les acteurs, enfin et surtout, sont formidables. Le couple Pénélope Cruz / Javier Barden, en plus d'être ensemble dans "la vraie vie", est loin d'être une nouveauté à l'écran - on l'a par exemple vu récemment dans le film Escobar, le pâle remake de la série culte Narcos, sur le plus connu des barons du narcotrafic. Ashgar Farhadi a le chic pour diriger des acteurs d'exception : Bérénice Béjo a reçu en 2013 le Prix cannois d'interprétation féminine, et Shahab Hasseine le Prix masculin en 2016. Pénélope Cruz notamment, livre avec ce film une superbe prestation, passant du rire aux larmes par une intense palette de sentiments. "Un des rôles les plus compliqués" de sa carrière, de son propre aveux.
Mention spéciale également pour Ricardo Darin, la grande star du cinéma argentin, acteur que j'adore, et que l'on a pu voir notamment en début d'année dans El Presidente. Soulignons enfin la jeune et remarquable actrice en devenir qui joue Irène, la fille de Laura qui se fait enlever.
Un bon coup de cœur, un film qui ne laisse pas indifférent.