Nabil Ayouch, sans doute le cinéaste marocain le plus important de ces dernières années, n'a pas peur des sujets qui fâchent dans le Royaume. Everybody loves Touda (pourquoi un titre en anglais, qui plus est trompeur ?), moins spectaculaire que ses dernières réalisations, est bel et bien un film engagé, délibérément féministe et reflet d'une société plus que jamais patriarcale. L'itinéraire de Touda, mère blédarde, qui ne rêve que de conquérir Casablanca, en devenant une Cheikhate reconnue, n'est évidemment pas pavée de roses. Cheikhate, kézaco, d'ailleurs ? Une chanteuse traditionnelle marocaine, qui clame des textes laissant toute la place au corps et au plaisir. Malgré quelques aspects mélodramatiques et un dénouement très frustrant, le film prend vraiment de l'ampleur lorsque son héroïne se produit sur scène, vibrante et passionnée. Nisrin Erradi, qui a suivi une longue formation de plus d'un an pour accéder au rôle de Touda, irradie littéralement l'écran de son charisme. Une belle représentante des femmes marocaines, libre et solaire, mais jamais à l'abri du désir des hommes. Comme l'affirme Nabil Ayouch : "Touda est une héritière de femmes en rébellion contre tous les pouvoirs établis. Elle veut transcender les frontières et les interdits, et elle se bat contre toutes les formes de domination contemporaine."

Cinephile-doux
7
Écrit par

Créée

le 29 août 2024

Critique lue 124 fois

1 j'aime

1 commentaire

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 124 fois

1
1

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

72 j'aime

13