Après un Swiss Army Man qui est vraisemblablement l'un des films les plus déjantés de la dernière décennie, le duo des Daniel (Kwan et Scheinert) reviennent à la réalisation d'un long métrage avec Everything Everywhere All at Once (que j'appellerai EEAO), en exploitant un concept très à la mode, notamment chez Marvel, le multivers. Mais évidemment le traitement n'est pas du tout le même, ce sera d'ailleurs dur de faire mieux dans le futur...
EEAO c'est un film absolument dément, un film d'une richesse sans nom. Le tout pourrait pourtant s'apparenter à un grand bordel qui va dans tout les sens, qui n'en a aucun dans son fond. La première partie du flirt d'ailleurs toujours avec cette limite, puisque l'on suit l'héroïne Evelyn à travers un tas d'univers différents, tous plus dingue les uns que les autres, où elles y croisent d'autres elle, ou son mari, sa fille, son père avec d'autres personnalités et capacités. Des capacités dont Evelyn va se servir pour combattre le grand méchant qui menace l'équilibre de ces différents univers. Il y a donc des tas de fights, convoquant le cinéma d'action chinois ou Hong-kongais, avec des idées visuelles en permanence, agrémenté de changements d'univers complètement loufoque en plein milieu de ces scènes, en plus de l'humour et des références à tout va (Ratatouille, Wong Kar Wai, Jackie Chan, Michelle Yeoh elle même....).
Dit comme ça, c'est clair ça à l'air d'être un pure chaos. Ça l'est un peu, "plus c'est bizarre mieux c'est" disent les personnages, mais tout paraît tellement maîtrisé et cohérent. Les Daniels s'en donnent à cœur joie, tant visuellement comme j'ai pu le dire, c'est tout bonnement jouissif, mais aussi dans l'écriture, EEAO est d'une richesse dingue. Et c'est là que le film m'a personnellement extrêmement surpris.
EEAO au delà d'être un mélange action, SF et comédie, c'est un vrai film de personnages, et surtout à émotion. Car dans la seconde partie, les Daniels transforment leur bébé cinglé, en un film proche de ses personnages, de l'héroïne Evelyn, jusqu'à des gens plus lointain. Ils arrivent à rendre des personnages débiles ou antipathique (comme celui de Jamie Lee Curtis) ultra attachant. Tout ça grace à leur magnifique exploration du multivers. A travers leur différentes vies, les personnages se remettent en question, réfléchissent sur eux même, sur leur vie, leur décisions et ils évoluent.
Avec au milieu ce cercle familial, qui nous suit durant tout le visionnage, et qui est au finale la pièce maîtresse du récit. La relation mère-fille, le couple près à divorcé, le grand père de la vieille école intolérant, la fille homosexuelle.... Ca nous offre une seconde partie immense de dramatugie, avec plein de frissons, des larmes, c'est somptueux.
Et puis les 2 Daniel, ils continuent de nous en mettre plein la tronche visuellement, de tenter plein de truc (sans spoil il y a un dialogue de cailloux), de citer des oeuvres, de rajouter des sous-textes, des sous intrigues, des symboliques. A tel point qu'avec un seul visionnage il est impossible de tout capter, j'en suis persuadé. Je retournerais le voir, et je sais d'ores et déjà que je vais me reprendre une énorme baffe, sûrement plus énorme encore.
Les américains ne nous ont pas mentis cette fois ci, Everything Everywhere All at Once c'est un film incroyable, unique, l'un si ce n'est LE meilleur de l'année.