Critique éclair de ma part pour un film qui méritait largement quelques lignes.
Cela faisait longtemps qu'une oeuvre ne m'avait pas foutu de claque par sa créativité et son audace. Parce que là où Everything réussi le plus, c'est dans sa proposition osée qui part dans toutes les directions tout en gardant du sens, ce que sa co-sortie (Docteur Strange 2) n'aura pas réussi à faire une seule seconde.
L'idéal est d'y aller les yeux fermés, le moi d'il y a quelques années qui allait toujours aux Cinexpériences Senscritique aurait adoré recevoir une gifle à découvrir ce film lors d'une séance à l'aveugle.
Tout comme notre héroïne, le spectateur va entamer une histoire plutôt banale jusqu'à ce rendez-vous face à Jamie Lee Curtis qui enchaîne sur une séquence de combat nerveuse, novatrice (ce plan de roulement au sol, un délice) qui marque le début d'une aventure fabuleuse de plus de deux heures. Pour dire, les derniers films à m'avoir surpris par leur caméra si habilement utilisée étaient Game Night (2018) et Kingsman (2014) avec sa scène du bar.
N'étant toujours pas sorti en France, je vais éviter de spoiler quoique ce soit d'autre, je dirais simplement que tout ce qui empêche ce film d'atteindre une note parfaite, c'est une petite perte dans sa folie, ce qui était difficilement évitable avec autant de propositions. En témoigne une scène de fight qui aurait subtilement pu placer une blague (très basique edgy, pour donner un indice) mais l'utilisant à outrance. Certains trouveront qu'ils ont assumé leur intention et je suis d'accord, c'est complètement assumé mais j'y ai vu une cession à la facilité.
Everything Everywhere All at Once est pour le moment ma surprise 2022, débordant d'imagination tout en gardant du sens, là où un Docteur Stranger nous balance gratuitement des idées dénuées de fond parce que "lol c le multivers ta capté". Chaque séquence introduit un élément qui aura du sens lors du climax, ce que si peu de films arrivent à faire de nos jours à cette échelle créative.
Sur fond d'OST efficace de Son Lux, avec un casting incroyable (Gong gong, à jamais dans mon coeur, ce petit rot à la fin de l'introduction du personnage, it's like music to my ears), des effets mettant des productions 200 millions de dollars plus chères à l'arrêt avec une équipe minuscle (apparemment cinq types aux SFX) et un climax touchant qui arrive à apporter une touche originale à une morale qui aurait pu être facile, Everything Everywhere All at Once est une nouvelle référence SF coupant l'herbe sous le pied de l'écurie Marvel sur un sujet qu'elle mettra probablement longtemps à maîtriser, si elle n'en abuse pas à outrance avant.