Tout, partout, tout à la fois : en voilà un programme ambitieux qui aboutit bizarrement à une apologie de la famille, quelle que soit l'existence médiocre que l'on mène, et à une sainte bienveillance des différences. Surprenant, après un déluge de pyrotechnie destiné à en mettre plein les yeux, avant la réflexion finale, comment dire convenue et pas très excitante. Alors quoi, toutes ces allers et retours dans un multivers kaléidoscopique, marqué par la violence et le grotesque des situations, n'était là que pour distraire le bon peuple résigné dans sa petite vie étriquée, entre un travail éreintant et soumis à impôts et des liens familiaux distendus pour cause d'usure et de visions différentes du quotidien ? Everything Everywhere All At Once entend briller par son montage, souvent épileptique, et ses scènes de bagarre, lassantes de par leur caractère répétitif, au service d'un scénario WTF où l'important est de surprendre par l'originalité visuelle et situationnelle. Moyennant quoi, le film est un gigantesque parc d'attractions où le n'importe quoi l'emporte avec quelques épisodes de mauvais goût, histoire de montrer que le politiquement correct ne fait pas partie du cahier des charges. L'on ressort de là (l'auteur de ces lignes en tous cas, absolument pas représentatif) avec le cœur au bord des lèvres, comme après avoir fumé un truc douteux. Ceci ne remet cependant pas en question le talent multi-facettes de Michelle Yeoh tandis que pour ce qui est de Jamie Lee Curtis, dans un rôle très dévalorisant, le mieux de passer sa prestation sous silence.