Bien réalisé, bien joué, bien maîtrisé, une mise en son excellente, des costumes fabuleux et une profusion d'idées du carrément génial au stupide profond, en citant d'autres films...
Difficile de ne pas voir les citations de Matrix, de la personne élue à son apprentissage accéléré en téléchargeant de nouvelles compétences, aux scènes de combat qui sont parfois des calques
...et en innovant en même temps, Everything Everywhere All At Once défend son propos avec un enthousiasme subversif et coche toutes les cases (y compris certaines auxquelles le spectateur n'avait pas pensé).
Et c'est bien aussi ce qui fait sa faiblesse, dans cette cohérence au final assez simple, dans son efficacité électrique qui pourra en dérouter certains, et une certaine naïveté en agacer d'autres. "Quoi, tout ça juste pour ça ?" ou "on dirait que le scénario a été écrit par des ado trippant avec un joint devant un fast food". Sa fausse simplicité n'est pas sans rappeler le très bon Scott Pilgrim d'Edgard Wright, qu'on pourrait ranger avec EEAO dans la série des get your shit together movie.
Car l'analyse poussera aussi à tirer des leçons qui vont davantage contre l'idéologie actuelle véhiculée par les film d'action, et une forme de sagesse qui se rapproche plus des vieux films de kung fu :
Le trope du "il faut se défaire de l'ennemi par la violence" devient "il faut se réconcilier avec lui et l'accepter pour vivre ensemble". Dans ce film le héros n'est pas celui qu'on croit.
Il est difficile de ressortir de la séance en ne se sentant pas a minima charmé par l'expérience. Un conseil, ne vous renseignez pas trop sur le film avant d'y aller.
Personnellement je le reverrais avec plaisir pour pouvoir l'étudier de plus près, tant son matériel foisonnant invite à l'envie de le contempler dans ses moindres détails pour en profiter d'une façon plus subtile.