Quel film ! Difficile de décrire « Everything Everywhere All at Once » avec les mots… Disons qu’il s’agit de l’histoire d’une femme se battant pour sa famille. Et que sur prétexte de multivers, Daniel Kwan et Daniel Scheinert nous livre un plat de spaghettis ou s’entre-mêlent les genres, les formats d’image, les langues (anglais, cantonais, mandarin), les thématiques (existentialisme, nihilisme, famille, identité américano-asiatique…). Ce sur une durée de 2h20 non-stop.
Le risque de ce genre d’approche est d’arriver à un délire stérile, ou à un épuisant rouleau compresseur. Heureusement, l’ensemble n’a rien de stérile vu la richesse de ses thématiques. Et pour ma part, je n’ai pas ressenti un effet rouleau compresseur, ayant passé un excellent moment.
Le film bénéficie avant tout d’une excellente distribution. Michelle Yeoh est impériale dans le rôle principal, faisant exploser ses multiples facettes d’actrice. A ses côtés, des surprises particulièrement réjouissantes. Jamie Lee Curtis, déjantée en fonctionnaire de l’IRS. Le vétéran James Hong, que l’on retrouve avec grand plaisir. Ou Ke Huy Quan, très touchant en mari affable et maladroit, qui avait disparu des écrans depuis un moment (Indiana Jones et les Goonies sont loin !). Espérons que cette prestation sera l’occasion pour lui de revenir devant la caméra ?
Distribution combinée à des idées de mise en scènes et des vannes complètement barrées. Le film surprend en permanence (certaines blagues vous laisseront pantois ou hilares, au choix !), se targuant d’être aussi drôle qu’imprévisible. Et même si le tout dernier acte est plus convenu sur le fond (et, avouons-le, un poil laborieux quand même), même si le multivers est allègrement abordé en ce moment, l’ensemble demeure original de par son traitement frénétique et ses thématiques.
D’autant plus qu’il est fait avec un vrai soin. Dont ce montage ahurissant pour une petite production (25 millions de dollars, tournage semble-t-il en 39 jours !), qui parvient à garder une fluidité malgré le jonglage entre les univers. Montage qui n’est pas sans rappeler celui de « Cloud Atlas ».
D’ailleurs questions références, le film se fait plaisir. Les clins d’œil cinématographiques sont légions, et ont le mérite de n’être ni gratuits, ni trop appuyés, même si certains sont attendus. Ils sont globalement surtout parodiques, et rajoutent à la bonne humeur générale.
« Everything Everywhere All at Once » est donc une expérience à tenter… et une sacrée bonne nouvelle que le cinéma puisse encore produire des OVNI pareils !