Pourquoi ? C'est la question qu'on se pose toujours et qui est encore plus évidente ici. Co-produit par Sam Raimi et Bruce Campbell [donc validé], Evil dead [2013] reprend la trame d'Evil dead [1981] à un détail près. Malheureusement le détail est de taille et fait toute la différence : l'humour. Plus sérieux qu'un pape, donc totalement dépourvu d'originalité, l'opus 2.0 du week-end entre amis, mise sur un gore artisanal [donc plutôt bien fait, mais c'est le minimum] pour légitimer son existence.
La moindre des choses, quand on se lance dans un remake, est d'apporter quelque-chose, un point de vue, quelques idées, du sang neuf [ah ah], bref, un truc, rien qu'un truc qui fera dire "ah ouais, pas mal"... Et là non, rien, pas le début du commencement de la moindre idée originale.
On se rend compte alors à quel point le cinéma horrifique est codifié. Il y a des règles à appliquer, un déroulement, un cadre dont il ne faut jamais sortir. C'est pire que le protocole de la monarchie britannique. Il est d'ailleurs terrible de réaliser que ce qui fut [et qui est encore - cf Rob Zombie par exemple] la terre du non-conventionnel, un véritable espace de liberté, un outil pour briser les barrières, soit désormais affreusement conventionnel. Et tellement sérieux.
Pas un sourire, pas une loufoquerie, pas la moindre connerie dans cet Evil dead banalisé et finalement complètement con. Pas un sursaut, pas une surprise pour le spectateur blasé qui devine chaque effet à l'avance, chaque twist, re-twist, twist again... un peu comme si, à l'image du débile à lunettes, on suivait l'histoire page à page sur le livre maléfique. Où est Sam Raimi ? Pourquoi produire ça, alors qu'avec le récent et génial Jusqu'en enfer il faisait encore toute la preuve de son talent ?
Il faut attendre les dix dernières minutes pour que le film sauve son honneur. Dix minutes de rouge intense, pluie de sang et folie à la tronçonneuse, dix minutes qui arrivent trop tard. Après, c'est fini.