Le britannique Alex Garland, spécialiste de la science-fiction, réalise sa "première" derrière la caméra avec le film Ex Machina, après avoir été majoritairement romancier et scénariste de cinéma (et même de jeux vidéo!). Il y raconte l'histoire de Caleb, un codeur employé dans une grande multinationale, Bluebook (bon, ça a le mérite d'être clair), qui est invité à séjourner chez le PDG solitaire (Nathan) de cette même entreprise suite à un tirage au sort gagnant. Une thématique sur l'I.A. va rapidement surgir dans le film à travers le personnage d'Ava, I.A. sur-évolué créé par ce même Nathan, scientifique de génie.
Oeuvre symbolique au possible, Ex Machina propose par le biais de son seul trio d'acteurs étonnant un récit à huis clos dans l'immense demeure et centre de recherches du PDG de Bluebook. Simple dans sa construction en 7 étapes (première symbolique) apparaissant directement à l'écran, et relativement court (1h48), surtout par rapport aux autres films de science-fiction, ce film montre la complexité, à la fois du rapport de l'homme par rapport à son semblable, du rapport de l'homme à la machine, mais aussi du rapport de la machine à l'homme, comme l'envisage Alex Garland.
Que vous l'ayez remarqué ou non, je n'ai pas encore cité le nom des acteurs dans cette critique, pour la simple et bonne raison que les personnages sont tellement mis dans une atmosphère symbolique qu'on ne tient pas compte de l'interprète mais plutôt du profil psychologique du personnage (et encore une fois de son rapport avec les autres). Pourtant, le casting est tout simplement brillant. Car, même si l'on peut également tirer son chapeau au travail de Garland à l'écriture, le film de science-fiction en huis clos (relativement casse-gueule) me paraît être un défi osé pour n'importe quel acteur. Et ce défi est parfaitement réussi par Domnhall Gleeson, Oscar Isaac, et Alicia Vikander.
Les plans et lumières d'aspect futuriste utilisées dans le film sont plutôt bien gérés, même si par endroits le côté symbolique est exagéré, notamment dans la scène de fin, qui, si elle est très intéressante et soulève une réflexion sous-jacente passionnante sur l'impact de la présence d'un Deep Learning I.A. évolué parmi nos semblables, en appelle trop à une connotation divine et théâtralisée (peut-être est-ce également lié à l'interprétation d'Ava sur cette même scène finale).
La vision du futur de l'I.A. proposée par Garland et son co-scénariste Glen Brunswick est bien amenée, malgré son côté un tantinet pessimiste, - en tout cas pour le devenir de l'espèce humaine - on peut s'accorder à penser qu'elle est plus que jamais actuelle et peut faire figure d'avertissement pour les éventuels savants fous (et claustrophobes) qui peuplent aujourd'hui et peupleront demain notre monde. Mais on ne peut résumer cette fiction de cette manière. Rien que le titre du film, et le placement du personnage d'Ava (l'I.A. du film) sur son affiche laissent deviner une réflexion plus profonde sur l’avènement des robots sur notre planète, ceux-ci prenant ainsi la place des hommes et délaissant leur statut de machine "esclave".
Film à voir.