Ex Machina, une énième interprétation d'une thématique fondatrice du genre SF, le rapport homme / machine. Ici, plutôt qu'une interaction directe entre la créature - Ava, troublante androide - et le créateur - Nathan, génie misanthrope et suffisant - ce sera Caleb qui sera chargé par son employeur de juger de l'humanité de son grand oeuvre. Ce seul point scénaristique change un peu la donne du genre, l'expérimentation gigogne se déroulant dans les deux sens. Au spectateur de juger de la sincérité et des motivations du trio.
Ex Machina peine malgré tout à se départir d'un héritage trop présent à l'esprit d'Alex Gardner, scénariste de métier s'essayant à la réalisation (au final pas manchote, mais trop aseptisée pour surprendre). Quoique frayant avec les références bibliques sans prendre des gants pour noyer le tout, il assume plus ou moins bien les emprunts philosophiques aux monstres sacrés (notamment Blade Runner).
Là où il tire son épingle du jeu, c'est en inscrivant son intrigue technologique dans le phénomène du Big Data et de la collecte de données d'une part, et surtout dans l'écriture du personnage de Nathan, incarné par le génial Oscar Isaac. Dégageant une suffisance malsaine, un détachement angoissant, ce "créateur" aux motivations aussi terre-à-terre qu'impalpables est ce qui m'a maintenu devant mon écran, une énigme en tant que tel.
Ex Machina pouvait difficilement prétendre à l'originalité, a fortiori quand la SF fait son retour en grâce au cinéma (Coucou Her), dans le sillon geek tracé par la fantasy et les héros en collants ces dernière années. Il n'en est pas moins une pellicule qui se regarde sans ennui, bercée dans une atmosphère malsaine teintée d'ironie désabusée raccord avec notre époque.
Bonus : la scène de danse !