Rarement premier film ne nous aura autant comblé. Ne nous offre-t-il pas images et lumières somptueuses, alternance de huis clos étouffants et de vues d’une céleste forêt norvégienne, jeux de miroirs et de transparences, direction d’acteur réussie. Joli quarteron que celui qui rassemble un geek naïf (Caleb / Domhnall Gleeson), un ténébreux génie (Nathan / Oscar Isaac) et ses deux compagnes, robotique (Ava / Alicia Vikander) et mutique (Kyoko / Sonoya Mizuno). Parfait… Si ce n’était un scénario péchant par orgueil, qui trop embrasse mal étreint. Garland esquisse un drame psyscho-scientifique et l’abandonne sans crier gare. Pris par le temps, il bâcle un sympathique thriller, nous laissant sur notre faim.
Nathan crée des robots. A-t-il réussi à les doter d’une conscience ? Caleb est prié de soumettre Ava à un test de Turing. La question de l’intelligence artificielle a souvent été traitée en littérature, de Mary Shelley à Asimov, ou au cinéma, de Ghost in the shell à Her. Caleb est stupéfié : non seulement le test est positif, mais le pauvre garçon en vient à douter de sa propre humanité. Eva est donc consciente, admettons, mais nous aimerions savoir pourquoi ? Que ressent-elle ? Qu’est-ce qu’une conscience ? Nous n’en serons rien. La belle Ava ne haït pas Nathan, son dieu, mais le déteste. Elle aspire à la liberté. Le monstre de Frankenstein s’aigrit, par manque d’amour. Les Répliquants du fascinant Blade Runner se rebellent contre leur finitude, tuant leur créateur, par amour déçu. Ava n’aspire qu’à quitter sa prison et à déambuler dans Hyde Park. Alex Garland semble n’avoir de l’humanité qu’une bien petite image.
P.S. Magnifique séquence de danse !