David Cronenberg délaisse ses dernières frasques sexuelles pour écrire un nouveau scénario original mettant en scène une immersion de plusieurs gamers dans un nouveau jeu vidéo expérimental nommé eXistenZ. Le produit, bientôt commercialisé, plonge son joueur dans un univers atypique où il va devoir remplir une mission, mission qu'il ne découvrira qu'au fur et à mesure de son parcours. Mais à peine la séance a-t-elle commencé qu'un révolutionnaire tente un assassinat envers la créatrice d'eXistenZ. L'aventure peut alors vraiment commencer...
L'intrigue s'intéresse donc à Allegra Geller, confectionneuse du jeu accroc à sa propre création, et Ted Pikul, stagiaire en marketing n'ayant encore jamais joué à aucun jeu et qui s'est improvisé garde du corps de la jeune femme. Ces deux personnages que tout oppose vont être propulsés dans une péripétie bizarre et violente où, par le biais de plusieurs rencontres, ils vont essayer de survivre à de nombreuses attaques tout en protégeant l'unique version du jeu que détient Allegra...
Le monde dans lequel ils évoluent est présenté comme légèrement futuriste : les téléphones sont d'une forme bizarre et surtout les classiques manettes de jeux vidéos ont été remplacées par des bio-ports, que l'on branche dans le bas du dos grâce à une sorte de cordon ombilical. Ainsi, dès le début, Cronenberg nous immisce dans un univers incertain où la réalité est aussi étrange que la fiction proposée dans ce jeu de réalité virtuelle. Déconcertant, le film s'amuse avec la matière grise du spectateur en se noyant dans un scénario évolutif où plus rien n'est sûr, la progression de l'aventure d'Allegra et Pikul devenant de plus en plus étrange jusqu'à un point où l'on ne sait clairement plus s'ils sont oui ou non encore dans le jeu.
Film de science-fiction basé sur de multiples paliers appuyant les différentes mises en abîme proposées, eXistenZ réussit pourtant à captiver grâce à une maîtrise totale du sujet et une originalité à toute épreuve, le film jouant habilement sur les dangers de la réalité virtuelle (perte de la réalité, addiction). Cronenberg parvient ainsi à nous transporter littéralement dans ce monde atypique où agents secrets, traîtres, créatures amphibiennes et pistolets faits d'os se mêlent avec fracas. Porté par les jeunes Jude Law et Jennifer Jason Leigh, encore inconnus du grand public, le long-métrage reste une perle de la science-fiction certes difficilement compréhensible mais néanmoins indubitablement époustouflant.