Et une spécialité gluante de David Cronenberg à la 13 ! Une !
Bientôt le bimillénaire du monde chrétien en l'an 1999, mais mieux valait fêter ça en avance, en cas de bug...
Comme souvent, le générique d'eXistenZ, aux géniales notes d'Howard Shore, nous immerge dans une ambiance très particulière... eXistenZ, c'est un produit d'Antenna, un jeu multijoueurs où la manette c'est l'homme, puisque un câble de type ombilical relié à une sorte de matrice vivante, appelée "pod", se branche directement au système nerveux du joueur via la moëlle épinière après la mise en place définitive d'une prise appelée "bioport"...
L'inventeur de ce jeu est une jeune femme (Jennifer Jason Leigh et sa superbe coupe de cheveu) considérée comme une déesse par certains tant elle aurait changé leur vie, et nous la retrouvons au cours d'une expérience multijoueurs présentant sa nouvelle version. Et là, c'est le drame ! On tente de l'assassiner (à la base je ne voulais pas spoiler mais c'est dans le synopsis SC), mais un peu à l'image de sa réalisation, cette scène m'apparaissant comme le principal ratage du film... Bah alors David ?
Cette tentative échouera finalement grâce au type de la sécu (un Jude Law plutôt correct), qui n'est en fait qu'un stagiaire, avec qui elle s'enfuira... Du genre réfractaire à ce type de jeux vidéos, ce mec n'est pas équipé du fameux bioport. Et on peut le comprendre tant ces jeux ont l'air de rendre accro ! Sa conceptrice en premier lieu, atteinte au point même de prendre le risque de perdre son jeu pour une simple partie.
L'excellent Willem Dafoe en sera également, de la partie ; et la suite nous entraînera dans un univers "Cronenbergien" assez hallucinant, entre réalité irréelle et virtualité, jeu dans le jeu et donc perte des repères, mais surtout de bestioles et de bidoche peu ragoûtantes... Une fois de plus, on se dit que quand même, ce réalisateur est carrément atteint dans sa tête ! (Le pistolet-bouffe restant un sommet du genre chtarbé)
Le jeu eXistenZ rend donc accro, mais aussi schizophrène, le joueur ne maîtrisant pas certains de ses actes utiles au scénario, finissant par perdre identité comme liberté. Le truc marrant, c'est qu'il rencontrera des personnages bâclés dans un univers pas vraiment sexy, bien au contraire ! Et que la première chose qu'il aura envie de faire, c'est de jouer à une version plus avancée du même jeu...
Mais alors pourquoi jouer ? Mais pour fuir la réalité au profit de l'instantanéité - de l'action - ma bonne dame ! On apprendra également à la fin que le temps de jeu s'avère moins long que le temps réel. L'instantanéité, toujours l'instantanéité.
Je ne vous révèlerai pas la fin, qui se défend plutôt bien, et si comme souvent David Cronenberg nous propose une réflexion très poussée sur notre société, nous-mêmes et notre mal de vivre, eXistenz souffre quand même de pas mal de défauts de rythme et de réalisation notamment... Aussi, l'émotion n'étant pas vraiment au rendez-vous, nous nous retrouvons donc dans du cinéma avant tout cérébral et bien perché, aux personnages désincarnés.