Le cinéma actuel manque de testostérone, n’est pas assez burné à mon goût. Tout est planifié, millimétré … rien n’est laissé au hasard à l’image de la trilogie Jason Bourne, excellente mais manquant de passion. Le film d’action des 80’s/90’s lançait ses protagonistes dans un conflit ouvert et ridiculement over the top. Le seul plan esquissé était de défoncer la porte d’entrée, claquer une punchline, défourailler à la zob en priant pour la clémence d’un divin scénariste miséricordieux. Et, malgré les années écoulées, les vieux de la vieille que sont Sylvester Stallone, Arnold Shwarzenegger, Harrison Ford… sont encore et toujours des monstres sacrés de ce 7ème Art déposant avec véhémence ses valseuses sur la table.
En 2010, MONSIEUR Sylvester Stallone chaussa ses rangers et asséna un magistral coup de pied dans la fourmilière Hollywoodienne en écrivant et réalisant The Expendables. L’idée était simple. Rassembler les gueules cassées du cinéma, old school de préférence, et les plonger dans un affrontement où la violence et l’humour sont rois. Sourire en coin, poudre à canon, armes à feu, cojones et punchlines … Un programme qui annonce la couleur. Ce premier volet avait pour parti pris un ton très sérieux et premier degré. Le second opus vit le jour en 2012. Plus de stars, plus de bastons, plus d’humour, plus de références, plus d’autodérision … et moins de premier degré, Chuck Norris balançant un Chuck Norris fact des familles. Un grand moment.
Et en 2014, la fine équipe revient sur le front avec un troisième film sobrement intitulé. The Expandables 3. Sylvester Stallone prend les mêmes, en vire certains, en ajoute une flopée de nouveaux et repart au turbin dans un actioner tenu par des vieux de la vielle du film d’action badass. Mais cette fois-ci, nos chers baroudeurs affronteront l’un des fondateurs des Expandables, Conrad Stonebanks … passé du côté obscure et désormais marchand d’armes. Barney Ross (S. Stallone), désireux de protéger ses camarades, les remplace par de la bleusaille dernier cri. Le scénario fait dans le classicisme sommaire, un prétexte pour envoyer de plomb et du shrapnell à travers l’écran. Cependant, les thèmes abordés relèvent l’ensemble. La passation de pouvoir, la transmission du savoir, la force des liens fraternels sont autant de notions effleurées, certes à l’obus de 50mm, par nos joyeux larrons … Il en résulte un film plus sombre sombre, plus adulte dans son propos en comparaison du second film.
The Expendables 3 est avant tout un actioner transpirant la nostalgie et porté par des personnages haut en couleur. Les anciens (Jason Statham, Dolph Lundgren, Randy Couture, Terry Crew, Arnold Shwarzenegger) donnent la réplique à un tsunami de cracheurs de plomb certifiés. Une vague composée d'icônes du cinéma d’action “of course” (Antonio Banderas, Mel Gibson, Wesley Snipes, Harrison Ford ...), de petits jeunes (Kellan Lutz “La légende d’Hercule”, Glen Powell) ainsi que des experts en Arts Martiaux (Ronda Rousey, Victor Ortiz). Ainsi, le film connaît un passage à vide durant le second tiers. Les figures de proue sont à ce moment du film absents et laissent place à la jeunesse. Des actions coordonnées, aucune inventivité de l’instant ... Ces derniers font le job mais semblent en retrait une fois confrontés à leurs aïeux, des têtes peu connues dans l’ensemble ou extraites de la sphère UFC (Ronda Rousey). Et cet amas de trompes la mort est à l’origine d’un mixe parfois indigeste se sentant obligé de mettre en avant chaque personnage ne serait ce que 2 minutes dans une scène d’action épique, il faut bien l’admettre. La palme du caméo revenant à Jet Li armé d’un M60 (le fusil fait sa taille en somme) et canardant sans vergogne le malandrin d’Europe de l’Est … aucune scène de combat au corps à corps ne lui sera octroyé … étrange s’il en est.
Cependant, les nouveaux arrivants de la vieille école s’en donnent à cœur joie, s’éclatent dans des rôles plus barrés les uns que les autres. Voir un Galgo (Antonio Banderas) instable débité 2000 mots minutes tout en refroidissant tout ce qui se présente est jouissif. Mel Gibson en méchant désabusé et Wesley Snipe en médecin siphonné complètent cette agréable peinture guerrière.
The Expendables 3 se résument à de l’action sans mesure, des scènes dantesques et 100% décomplexées, des combats au corps à corps violents et précis, des gunfights à l’arrachée … Le plâtre s'effrite sous l’impact des balles, les hématomes prennent forme, le béton vole en éclat sous la pression des obus … et des soldats à moto tentent une percée divine pour mieux se faire “powned” par un bon vieux coup de lapin OLD SCHOOL !!!
The Expendables 3 est une magistrale fusillade de 120 minutes au canon de 50 chargé à la madeleine de Proust. Un instant “actioner” décomplexé à apprécier sans modération.