Inégal est sans doute le mot qui conviendrait le mieux pour décrire la carrière de Danis Tanovic. Après l'excellent « No Man's Land » il y a déjà de cela neuf ans, celui-ci n'avait en effet pas su enchaîner, son « Enfer » réunissant pourtant la crème du cinéma français ayant en définitive fortement déçu. Nous ne sommes pas tout à fait dans le même cas de figure en ce qui concerne ce « Eyes of War » disposant d'une évidente sincérité et sachant, par moments, dégager une certaine force, sans doute dû en particulier à l'intense prestation d'un Colin Farrell à son meilleur. Malheureusement, Tanovic montre ici rapidement des limites, que ce soit pour dégager une véritable émotion dans le récit ou nous offrir quelque chose d'un tant soit peu étonnant, le dénouement final s'avérant pour le moins prévisible. De plus, le film garde un côté souvent démonstratif, les quelques idées de mise en scène tentées mettant hélas surtout en valeur un symbolisme emprunté et loin d'être indispensable... Malgré tout il n'y a pas de mal à découvrir cette œuvre certes maladroite et un peu lourdaude, d'autant que le sujet a déjà été évoqué avec plus de nuances, mais assez attachante par son scénario ayant au moins le mérite d'aborder la question du traumatisme sous plusieurs angles et ses personnages moins superficiels qu'à l'accoutumée... On s'en contentera.