Baroque et fin de siècle.
Ce que j'ai aimé en vrac (type d'une critique non construite):Le sapin qui revient dans tout le film et partout,c'est normal c'est noêl mais quand même obsevez à chaque fois où il se trouve est un jeu.Tom Cruise qui cache son alliance très discrètement alors qu'il est acompagné par deux harpies à son bras au bal de son ami,la scène ésotérique d'ouverture à la cérémonie.Regardez bien la jaquette du DVD à l'arrière,je ne sais pas si je délire ou si Kubrick était dans un grand délir mais la photo qui représente cette scène prise au loin me semble être un trompe l'oeil,tous les personnages forment le masque de Tom Cruise comme s'il était de 3/4.Belle illusion d'optique.Ensuite l'interêt mécanique du sexe que nous offre Kubrick.Et puis le sexe abordé sous toutes ses formes en filigranne c'est original: dans un couple marié banal,normal,en fantasme avec la tromperie psychique de Kidman,avec une prostituée,éventuellement avec un homme(le gars à l'accueil de l'hôtel,la nécrophilie: regardez bien comment est tournée la scène à la morgue,ce corps parfait et justement mort.Le sado-masochisme ou bien l'esthétique à la cérémonie...Toutes des scènes de sexe éventuel où les héros ne pratiqueront jamais.
Ce film , s'il est testamentaire, nous livre alors une interprétation assez pessimiste d'une boucle qui ne cesse de se refermer sur elle même.Une intro où Bill dit "où est mon porte feuilles chérie?" et une conclusion d'Alice qui nous balance un "Fuck". What makes the world go round?
Les allusions au monde de l'art nous sont données à profusion, que les masques vénitiens sont beaux!
Regardez cette magnifique scène où les époux fument un pétard lorsque la caméra se pose sur Kidman , son coude pénétrant le coussin qui n'est pas sans rappeller la grande Odalisque d'Ingres.
Quelle chance d'avoir vécu une fin de siècle cinématographique d'une telle intensité (et un XXIème s'ouvrant avec Mullholand drive!), les infos qui filtraient alors avant la sortie laissaient penser au film le plus sulfureux de Kubrick, qui allait en boulverser plus d'un, déception de la presse, deception d'un certain public qui avait déjà (soit disant) tout vu, tout entendu, voulant fermer les yeux sur la condition humaine du commun des mortels, une oeuvre pourtant profondément noire, où l'irréel et donc l'imagination laisse part à toute la morbidité de nôtre pensée plutôt que d'affronter une réalité facile à encaisser; c'est presque la règle élémentaire d'un bon film d'horreur, la suggestion, la classe de se refuser à montrer l'évidence pour laisser à chacun le loisir d'exprimer ses angoisses et peut être laisser l'oeuvre faire office de pensement comme en témoigne ce beau "Fuck" en plein milieu d'un magasin de jouets.Dernier mot du cinéma de Kubrick.