Visiblement assez peu appréciée (qui plus est pour une production HBO!), j'avoue pourtant avoir été plutôt séduit par cette nouvelle adaptation du grand classique de Ray Bradbury, pour l'occasion réactualisée avec pertinence à la mode des nouvelles technologies omniprésentes et particulièrement tendue ici. Cet univers brutal, replié sur lui-même, rappelant évidemment les heures les plus sombres de l'Histoire, trouve presque ici un nouvel écho à travers ces images de livres brûlés par centaines afin de laisser un peuple dans l'ignorance et ainsi garder la mainmise sur lui.
Le téléfilm développe également certaines idées très intéressantes, notamment celle que c'est en quelque sorte le « peuple » qui a réclamé cette situation, malheureusement pas assez développée.
Intéressant également de faire du héros un tenant de ce régime, certes en proie au doute, mais néanmoins part intégrante de cette politique de l'ignorance ô combien dangereuse, incarné avec justesse par Michael B. Jordan, face à Michael Shannon, très convaincant en méchant plus nuancé qu'on ne pouvait le craindre.
Ramin Bahrani aurait, en revanche, pu faire un autre choix que Sofia Boutella en « déclencheur amoureux » de notre héros (dans la version de François Truffaut, Julie Christie semble être un choix nettement plus avisé), le scénario n'exploitant peut-être pas tout son potentiel politique, à l'image de cette « sauvegarde mémorielle » de tous les auteurs, captivante mais évoquée trop tardivement. Maintenant, et même si j'imagine que les amateurs du roman trouveront (probablement à raison) de nombreux griefs vis-à-vis de cette mouture 2018, je l'ai trouvé percutante, pertinente, sombre sans être trop pessimiste : bref, une œuvre ambitieuse et talentueuse : une œuvre HBO, en somme.