Requiem for a screen.
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le 31 janv. 2017
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Parmi ses diverses adaptations de Shakespeare, « Falstaff » est semble-t-il celle dans laquelle Orson Welles a été le plus impliqué psychologiquement. La raison est tout simplement que l’acteur/réalisateur/scénariste se serait pleinement identifié au personnage imaginé par Shakespeare. Arrondi, menteur, vantard, lâche mais aussi joyeux compagnon, bon-vivant et roublard : les similitudes sont troublantes ! Personnage secondaire dans plusieurs pièces de Shakespeare, Falstaff devient sous la plume et la caméra de Welles le centre du récit.
On s’intéresse ainsi à son amitié avec le futur Henry V, à base de bons coups, d’alcool et de femmes. Alors que Henry IV contemple avec mépris la vie dissolue de son fils. Ce dernier choisira-t-il le plaisir et les amis, le devoir de la couronne, ou les deux ?
Il est vraiment intéressant de voir ce personnage tragicomique au centre d’événements très sérieux. Le souci est que ces événements (rébellion, batailles, troubles de succession) sont tellement en retrait que l’intrigue perd de ses enjeux. Un peu dommage car sur la forme « Falstaff » est une vraie réussite. Orson Welles s’éclate dans le rôle-titre, secondé par un Keith Baxter qui apparait joueur mais fragile. Baxter a dans son physique et ses tons un air de ressemblance avec Anthony Perkins, ce qui amusant car Perkins avait justement tenté d’obtenir ce rôle !
Le noir et blanc contrasté met à profit les éclairages presque expressionnistes, et les décors très imposants. A ce niveau, le film a été tourné en Espagne, exploitant de nombreux monuments médiévaux… qui n’ont pas contre absolument rien à voir avec l’architecture anglaise dans laquelle est censée se dérouler l’intrigue ! Il faut aussi souligner un montage et une caméra très dynamique pour l’époque. En particulier, la séquence de bataille est réellement impressionnante, faisant ponctuellement usage de caméra à l’épaule.
Pour l’anecdote, Orson Welles parvint à faire financer le film en faisant miroiter au producteur Emiliano Piedra qu’il tournerait en parallèle une adaptation de « Treasure Island ». Ce que ce filou de Welles n’a évidemment jamais ni fait ni eu l’intention de faire ! A cours d’argent pendant le tournage, il sera refinancé par Harry Saltzman, célèbre producteur des premiers James Bond.
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Créée
le 21 sept. 2022
Modifiée
le 21 sept. 2022
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