Le départ soudain de Marius sur le "Malaisie" laisse son père César dans la tristesse et son amoureuse Fanny avec une enfant à naître.
Cette deuxième partie de la trilogie de Pagnol reproduit le thème récurrent de l'auteur, l'enfant bâtard objet de honte et de scandale. César, plus irascible et excessif que jamais depuis que Marius est parti vivre son rêve, Fanny, affligée par sa future condition de fille-mère, et Panisse, qui sauvera la jeune femme du déshonneur en l'épousant et en donnant son nom à l'enfant, sont, en l'absence de Marius, les trois personnages principaux de ce drame sentimental et moral d'un autre temps, au demeurant -et heureusement!- transcendé par la personnalité comique de la plupart de protagonistes.
César et Panisse, Raimu et Charpin, font un véritable récital dans la truculence et l'exubérance, dans la verve et les inventions dialectiques du Marseillais vu par Pagnol. Dialogues riches et interprétations exceptionnelles garantissent des séquences de comédie irrésistibles à l'accent décidément savoureux. Car, si Fanny
-puis, à la fin, le retour de Marius, revendiquant, pas gêné, la femme et l'enfant de Panisse-
entretiennent la flamme dramatique du film, les joutes verbales entre Panisse et César, notamment sur la légitimité du premier à convoiter Fanny, constituent des scènes épiques et drôles que dissimulent à peine, derrière les exagérations et les figures rhétoriques méridionales, la bonté et la sensibilité de l'un et de l'autre.