Certains taxeront le réalisateur Jean Rollin (décédé il y a environ un an, à l'âge de 72 ans) de faire des films tout simplement ratés. Je ne sais pas ce que peut vouloir dire « raté » dans un cas pareil, ce serait un long débat. Toujours est-il que ce spécialiste de films de vampires à la française a toujours su mettre en valeur son savoir-faire tout au long de sa filmographie. Citons « Le viol du vampire » (1968), « Requiem pour un vampire » (1973) et « Deux orphelines vampires » (1997) (J'en entends déjà chuchoter « Un film qui a des couilles ! », et je leur réponds : « Vos gueules et écoutez ce qui suit ! »)
En 1916, Marc (Jean-Marie Lemaire), un voleur, s'enfuit seul avec le butin que viennent de voler les membres de sa bande. Pourchassé par ses anciens complices, il se réfugie dans un château dans lequel se trouvent Eva (Brigitte Lahaie – Eh non ! Elle n'a pas fait que du porno) et Elizabeth (Franca Mai – par ailleurs auteure de romans très trash), deux étranges jeunes filles. Seules dans la demeure, elles prétendent être des domestiques attendant le retour de leur maîtres. Marc finira par s'apercevoir qu'il a affaire à une secte de vampires femelles.
Brigitte Lahaie est de la partie, et qui plus est en couple lesbien avec la romancière Franca Mai. Mais ici point de pornographie, une ou deux scènes soft tout au plus. Ce qui capte l'attention dans ce film est davantage l'ambiance onirique extrêmement réussie, à base de décors anciens, de robes fantomatiques, de séquences longues et lentes, ancrées dans un quasi-surréalisme d'outre-tombe (voir notamment la scène ou Brigitte Lahaie s'empare d'une faux). Exit le jeu d'acteur désincarné (on pourrait dire que c'est cohérent vu le contexte !), place à la froideur d'un long cauchemar qui se terminera dans un rouge carmin profond...
(Cet article est paru dans le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" n°15 de novembre 2011,
voir www.lepoiscaille.be)
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.