Avec Faust, Friedrich Wilhelm Murnau signait son grand film sur la dualité de la sainteté, et la dépravation. Maître de l'expressionnisme allemand, il y convoque ses plus magnifiques effets de mise en scène, faisant surgir son Diable de toutes parts, qu'il soit à la poursuite de Faust ou reposant comme l'ombre sur la ville déchue par la maladie.
Il pourrait être critiqué d'avoir scinder davantage le récit, en comparaison de Nosferatu par exemple, tant il y a une sorte de repos pour le personnage principal et la femme qu'il aime, malgré que les séquences soient toujours aussi sublimes. Mais ce serait mal envisager le cinéma de Murnau, puisque tout cela est une apparence dont le Diable s'occupe de magnifier, qui tournera au cauchemar. C'est bien la plus grande réussite du film, susciter l'angoisse par cette figure machiavélique, poursuivant sans cesse ou se cachant derrière Faust.
Et même si tout cela est bien évidemment lugubre, le film est frappé par sa maîtrise puisqu'en l'espace d'une seule et dernière scène finale, Murnau retourne les cartes pour délivrer un message que l'on retrouvera plus tard dans l'Aurore : si les corps dépérissent, la passion amoureuse est éternelle comme plus forte devant la perversion diaboliquement humaine.