Sacré Federico ! Mis en scène par n'importe qui d'autre (ou presque), ton film était insupportable. D'ailleurs, cette assertion est absurde: personne d'autre que toi ne pouvait faire un film comme celui-là.
Et avec toi, donc, c'est par moment superbe. Envoutant.

Ton exploit ? Nous proposer deux heures de moments totalement décousus, quasi sans queue ni tête sur un thème, Rome (je te l'accorde, il y a pire comme point de départ pour un vagabondage poétique) et faire en sorte qu'on ne s'y emmerde pas une seconde.
Si ça c'est pas un tour de force !

On ne peut pas dire que ton soucis ait été de nous présenter l'Italie et les Romains sous leur bon profil. Ça ! T'as pas triché, pour une fois ! Tu nous les montres sales, gros, laids, hâbleurs, insupportables, bruyants, irrespectueux, menteurs, avides... Italiens, quoi !

Par contre, le festin que tu nous proposes, Federico n'est pas tant dans l'assiette (la grande scène de bouffe n'est pas super appétissante à mon goût. J'aurais peut-être pas dû voir le film en milieu d'après-midi) mais plutôt pour nos sens. Et avant tout nos yeux.
OK, vieux filou, t'as réussi à nous fourguer quasiment tous les monuments de Rome (sauf la colonne Trajane, pourquoi ? T'aimes pas ? Elle était en rénovation ?) sous divers prétextes. Nous parlerons d'une carte postale de luxe.
Entre quelques moments un poil creux qui justifient la note que j'ai mis à ton film (ne m'engueule pas, c'est le principe de ce site !), tu nous as placé, sacré maestro, de purs moments d'anthologie. La découverte des vestiges romains au fond du métro est vertigineuse. Le défilé ecclésiastique est renversant. L'autoroute... les motards...
Pour un peu, on en viendrait à regretter que tu nous aies placé entre deux moments visuellement prodigieux des bouts d'histoire parfois un brun longuettes ou ratées. Mais bon. Il faut préférer et se contenter d'une moitié prodigieuse à n'importe lequel de ces films standards dont débordent habituellement nos écrans, déversant leur flot ininterrompu d'eau tiède ou saumâtre, non ?

Au fait, tu permets de que je te tutoies, Federico ? Je sais pas pourquoi, mais depuis 8 et demi, je me sens parfois si proche de toi... Comme un vieil qu'on aime retrouver de temps en temps.
Allez, je te ressers un coup. Tu m'as suffisamment enivré. A mon tour, si tu le veux bien.
A la tienne.
guyness

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