Ha qu'il c'est bon quand on ne s'y attend pas, de voir marqué en grosses lettres pendant le générique d'introduction : James Stewart. Voilà certainement un film de caractère. Et il en a, du caractère, ce film. Je dirai même plus : ce western.
Commençons par le commencement ; où plutôt : par le fond de l'histoire, c'est à dire l'histoire elle même. L'histoire d'un sale type qui, voulant faire la loi de sa manière (donc assez salement), descend en douce le shérif venu lui remonter les bretelles. En douce? Pas si sûr. Si tout le monde semble être au courant de ses agissements, personne n'osera faire quoi que ce soit. Surtout quand le maire est, lui aussi, un salaud de la pire espèce, à savoir un salaud costumé, cravaté, haut de formé. Avec, en prime, une paire de lunettes pas sexy du tout. Bref, officiellement, le shérif est parti et ne reviendra plus. Officieusement (donc officiellement, en fin de compte), il est vraiment parti, et ne certainement reviendra plus. Ni ici, ni ailleurs.
Alors, ces deux fils de chiens, dans le but de n'avoir plus personne qui s'opposerait à eux, vont nommer un nouveau shérif : de préférence un type simple, un type faible, un type qui n'est jamais méchant quand il a la haine et qui surtout ne dit rien quand on lui marche sur les pieds. Bref, le nouveau shérif, c'est l'ivrogne du village. C'est ici que ça commence. Car, sitôt nommé shérif, notre ivrogne stoppe net la boisson et fait appel au fils d'une légende de l'Ouest qu'il a jadis connu afin de le seconder. On peut donc ressortir le vieux dicton :c'est l'arroseur arrosé, ce qui, en fait, se révèle assez jouissif.
Voilà pour l'histoire, du moins le début. Passons donc aux personnages, du moins à deux d'entre eux.
Marlene Dietrich, elle, incarne cette femme envoûteuse, manipulatrice, à la fois aimée et détestée. Bien qu'étant une femme dans un univers sacrément misogyne, son rôle dans l'histoire se révèle un des plus importants. Sa personnalité complexe en fait un personnage difficile à comprendre, et tout, absolument tout, semble revenir vers elle. Elle est la cause des problèmes des uns, et les problèmes des autres lui retombent dessus. Elle est au courant de tout ou presque, ce qui revient à dire qu'il vaut mieux l'avoir avec soi que contre soi. On a pas l'habitude des rôles féminins si importants dans les westerns, et ça fait rudement plaisir à voir.
Et puis il y a James Stewart, bien sûr. Dans un rôle finalement similaire à celui qu'il tient dans Liberty Valance, c'est à dire un type qui veut faire appliquer la loi en utilisant les textes. La seule différence, ici, c'est que James se révèle être excellent dans le maniement d'armes à feu. Et bien sûr, comme à son habitude, le bougre manie la langue mieux que personne, ce qui en fait un personnage auquel on accroche beaucoup.
Finalement, leur relation sera un point central du film. Deux personnages que tout semble opposer, qui sont chacun dans des camps différents. James Stewart et Maria Dietrich, qui jouent à se détester, vont finir par se découvrir l'un l'autre. Ou plutôt, c'est James qui, grâce à son talent, va percer à jour la personnalité de Maria, ce qui rend tout ce petit jeu très intéressant.
Et aussi, il y a une petite dose de jouissif dans ce film, chose qui, à mon avis (et il est humble), a tendance à manquer dans les productions américaines mais qu'on retrouve toujours dans un bon Spaghetti.
Bref, j'ai beaucoup aimé. Voilà.