Richard Earl Cunha (1922–2005) a réalisé une poignée de films à la fin des années 50 qui, comme pour Ed Wood, lui ont valu une célébrité relative grâce à leur nullité. En ce qui concerne She Démons, le scénario à lui seul a de quoi faire rêver l'amateur de nanars puisque nous y trouvons :
- des nazis réfugiés dans une île inconnue des cartes et rêvant toujours de la création d'une race supérieure ;
- une tribu de sauvageonnes peu vêtues se livrant à des danses lascives ;
- un savant fou (et colonel nazi) essayant de restaurer la beauté du visage de sa femme défigurée en pratiquant d'horribles expériences dans un laboratoire souterrain sur les sauvageonnes ci-dessus mentionnées, expériences qui les transforment en « femmes démons » aux maquillages délicieusement ridicules ;
- une belle blonde capricieuse, fille de milliardaire, qui va découvrir la vraie vie et l'amour dans les bras du baroudeur de service ;
- des explications scientifiques farfelues avec un lot d'énormités débitées avec le plus grand sérieux ;
- et, last but not least, une explosion volcanique (très cheap) qui clôt le film en éliminant les méchants.
What else ?
Mais tout cela souffre d'un trop-plein de bavardages, symptôme récurrent du film fauché, qui permettent de faire du métrage sans dépenser trop d'argent. Il souffre aussi d'une interprétation assez catastrophique notamment en ce qui concerne Irish McCalla, déjà remarquée par les amateurs de nanars pour son rôle dans Sheena, reine de la jungle, qui est aussi mauvaise comédienne que belle (elle est donc vraiment très mauvaise !) et récite ses dialogues comme une collégienne. Les autres acteurs ne semblent guère plus concernés si ce n'est Rudolph Anders, qui interprète le savant fou nazi et qui, tout en surjouant, ne s'en tire pas trop mal. S'il est évident que le film s'inspire de L'île du docteur Moreau d'Erle C. Kenton, il fait aussi penser au chef-d'œuvre de George Franju, Les yeux sans visage, film qui a cependant été réalisé un an après. Concluons, une fois de plus, que ce film consternera les cinéphiles sains d'esprit et enchantera uniquement les amateurs de nanars. Cette petite perle est proposée dans une copie correcte en bonus du film Les créatures du docteur Aranya, autre perle éditée par Bach films, éditeur qui comble depuis des années l'amateur de cinéma bis et de nanars.