Une île inconnue, des naufragés, des femmes défigurées, des nazis, le programme de Femmes démons est bien fourni.
Mais il est aussi sacrément fauché.
Alors, certes, on voit quelques scènes tournées en extérieur, sur de belles plages ou à travers une végétation luxuriante, et c’est beau, même s’il manque la couleur.
Mais on retrouve aussi un des vices de ces films d’exploitation de ces années, avec ces décors sous-terrains ou cette base secrète en carton-pâte. Un acteur projeté dessus manque de faire tomber le mur à un moment, ça tremblotte. C’est artisanal. Ce qui en fait aussi leur charme.
Par contre, non, le maquillage de ces pauvres femmes séquestrées pour être le sujet d’expériences, c’est pas possible. On dirait du papier-mâché réalisé à la maternelle, avec des dents en plastiques qui dépassent, probablement achetés au vendeur de farces et attrapes du coin.
Alors on rit. De ces femmes un peu ridicules dans leurs visages de monstres et leurs gestuelles et qui, tant qu'elles ne sont pas infectées par le méchant nazi, ont tout de même une coupe et un maquillage hollywoodiens qui jurent avec leur dizaine d’années de séquestration.
Et puisque le film peine un peu à renouveler son offre et qu’il faut bien remplir la pellicule, il comble, avec des longues scènes de dialogues.
C’est habituel dans ce genre de films, mais pour une fois ici cela se tient. Bien sûr, le duo mal assorti entre Jerrie, la blonde rescapée un peu hautaine et Tod le capitaine baroudeur et meneur d’hommes va vite se muer en une romance, et ce dès le premier jour, bam c’est l’amour, sans grandes surprises. Tod Griffin n’a pas vraiment la carrure du rôle, il est un peu grassouillet mais il bombe le torse, pour bien montrer que c’est un homme, un vrai.
Sa partenaire est bien plus connue, du moins à l’époque puisque Irish McCalla a été l’héroine de la série Sheena, Queen of the Jungle mais aussi une des muses d’Alberto Vargas, célèbre peintre de pin-up. C’est peut-être cette notoriété qui la protège d’un rôle qui aurait pu être assez secondaire, surtout dans un tel film, puisque la jeune femme n’y joue pas un rôle de potiche. L’actrice a beau ne faire guère d’efforts dans son jeu, elle dégage malgré tout un charisme certain, en plus de posséder un corps allongé et athlétique qui a dû faire tourner bien des têtes.
Dans ses scènes avec le capitaine ou le chef nazi, c’est elle qui captive le regard. Ce dirigeant et scientifique nazi, joué par Rudolph Anders, un habitué du bis, est d’ailleurs mû par des objectifs un peu différents de l’avènement d’un Troisième Reich puisque ses recherches il les fait pour sauver sa femme de la défiguration de son visage. Sa bonté est bien sur toute relative, mais c’était une piste intéressante, hélas un peu ajournée avec l’arrivée de Jerry qui lui fera oublier sa dévotion conjugale. Le film tente d’étoffer son univers, de développer les personnalités, et l’effort est à saluer, même s’il se prend parfois les pieds dans le tapis. Cette île ainsi présentée comme oubliée des cartes est pourtant régulièrement bombardée par l’aviation militaire qui s’entraîne dessus, tandis que la description de la technologie utilisée part dans des explications pseudo-scientifiques qui s’éternisent trop pour rester amusantes.
C’est d’ailleurs la difficulté devant ce film pour l’estimer, qui se veut sérieux mais qui se plante sur sa mise en forme. Il est difficile de saluer ses efforts tout en se moquant de ce qu’il rate, de l’apprécier sur son premier degré ou de le voir avec du second degré. Mais il reste une série B assez solide, qui tente de ne pas offrir la même formule que d’autres concurrents sur les mêmes plages de l’île abandonnée livrée à des nazis et des savants-fous.