Sonder l'âme humaine avec subtilité et finesse via la quête d'un disparu, le rejoindre dans son no man's land, lui rendre sa vie, doucement, délicatement, grâce à l'unique souvenir, un indice jauni qui a survécu aux années, chargé de sens et d'émotion.
Les séquences répétées de fortes pluies viennent brouiller la vision, laver le passé, les chocs, les traces, la mémoire, les sentiments, les blessures... il faut traverser ces déluges, se mouiller jusqu'à l'os pour pénétrer le fond de l'âme humaine et l'apaiser enfin. Cela passe par la beauté troublante d'un geste et la vérité nue d'un regard puis, dans une immense pudeur, le retour à soi se vit derrière des paupières closes.
Fermer les yeux est un film profond et bouleversant, il nous tient en haleine d'un bout à l'autre. Les acteurs sont merveilleusement justes et sobres, uniquement au service de l'histoire et du film, on aime ça, une véritable leçon pour du très grand cinéma.