Festen est un de mes films préférés. Je trouve que c’est une œuvre "coup de poing"; brutalement communicative, notamment grâce à son parti pris de réalisation.
Les différents sujets tabous auxquels nous n’avons pas l’habitude d'être confrontés auraient pu nous perdre, il aurait été alors facile de se tromper quant au choix de les interpréter et c’est finalement avec et par cette authenticité accrue des images et des conversations, que nous comprenons et interprétons le moindre des sentiments de chacun des personnages. Toutes les scènes sont extrêmement fortes, et empreintes d’une vraisemblance dérangeante.
Pourtant pas de séquence tire-larmes, malgré l'étonnant discours clef et théâtrale du film.
Nous avons vraiment l’impression que tout cela n’est pas scénarisé, et en ce sens de faire partie des convives, des murs de la maison; nous y sommes finalement, à ce repas. C’est un film tellement puissant et réaliste, qu’il est très difficile de supporter la pression psychologique et physique infligée à Christian, de la part de son père, mais aussi des autres. Son visionnage est presque insupportable, ce fut pour moi inédit de ressentir autant de malaise devant du cinéma.
Il est tout aussi intéressant de la part du réalisateur d’avoir construit son oeuvre autour d’une famille bourgeoise, qui semble lisse et répondre à tous les critères de bonne vertu, et qui, s'avère être contrairement à nos attentes; le symbole de la médiocrité des faux semblants bourgeois prônant le racisme, les apparences avant la loyauté, le machisme, ainsi que la manipulation et contrastant magiquement avec l’image que les personnages reflètent dans leurs complets parfaits.
Le jeu d’acteur y est aussi pour quelque chose dans l'intérêt de ce long-métrage, il est excellent, chacun des protagonistes interprètent leur rôle avec brio et pourtant, ce n'était alors que des acteurs méconnus. Allant du paternel stoïque et manipulateur, au petit frère nerveux, violent, qui refuse sa sensibilité et la noie dans son impulsivité, jusqu'à la soeur cérébrale et brillante qui aborde un profil réfléchi, ouvert, et différent des idées de ces aïeux.
Ces caractères tous aussi marqués permettent d’offrir un panel de réactions différentes et toutes plus probable et imaginable les unes que les autres; le film au fur et à mesure des tintements de verre, délivre une vue d’ensemble sur les mécanismes de cette famille putride face à ce qu’il peut y avoir de plus affreux, et d’une façon abjecte.
Ce qui est donc appréciable, c’est que Vinterberg, en choisissant de ne pas faire de Festen un drame classique, le rend d’autant plus impactant. Et on s’y prend, on se jette cœur et âme dans cette course, cette bataille en l’honneur de la vérité jusqu’au dernier moment, jusqu'à la dernière scène majestueuse, qui nous permet de reprendre notre souffle.