Qui a dit que le cinéma français était formaté? Si l'on regarde en marge des grosses productions, il existe des petits bijoux qui ne demandent qu'à être vus et appréciés. Bien sûr cela peut être raté comme "Tiens toi droite" ou " Gaby baby doll" ces dernières semaines, ces deux naufrages surfant sensiblement sur une même thématique que "Fidelio".
Alice est une jeune femme d'aujourd'hui et exerce la profession de mécanicienne de la Marine Marchande. Elle embarque pour une mission d'un mois sur le "Fidelio", laissant à terre son amant, dessinateur de BD norvégien. Déterminée, professionnelle, elle remplace sans mal un mécanicien qui s'est suicidé. Seule femme sur le bateau, elle sait s'imposer et participer pleinement à la vie a bord. Le seul bémol est qu'elle retrouve en la personne du commandant, un ancien amant, connu lors de son apprentissage. Mais "comme ce qu'il se passe en mer, reste en mer", elle va renouer avec lui, cédant sans peine à son désir. Tout le contraire d'une Pénélope, Alice va vivre sa vie de femme, sans culpabilité, tout en sachant que des amours au pluriel ne sont pas choses faciles.
Le scénario peut sembler mince mais il est irrigué par des notations secondaires sur les rapports entre les hommes du bateau, tous se baladant avec des histoires où se mêlent amour et solitude, mais aussi sur les conditions de travail dans un navire marchand et du sous prolétariat philippin à qui incombent les basses besognes. Alternant des scènes quasi documentaires avec d'autres beaucoup plus intimistes, le film déploie son charme doucement et surement. On s'attache à Ariane, on sent ses hésitations tout comme ses fureurs, ses chagrins car elle est magnifiquement interprétée par Ariane Labed, pour moi une vraie découverte. Elle porte sans mal le film sur ses frêles épaules. Elle est aussi crédible en combinaison de mécano qu'en femme amoureuse ou troublée.
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