Le chameau, le lion et l'enfant [sans spoiler].
Au lieu de perdre mon temps à décortiquer un film aussi reconnu, à montrer comment on peut voir le film avec un tas de lectures différentes et l'interpréter de nombreuses manières, je vais parler de Nietzsche.
Si Fight Club est aussi intéressant pour moi, malgré toutes les critiques qui lui ont été faites (voir la critique de gallu, très intéressante), c'est, outre la critique qu'il fait de la société de consommation dans laquelle nous vivons, qu'il reproduit exactement la démarche de la "construction de surhomme" au sens Nietzschéen.
Dans la première partie du film, Edward Norton est un homme seul, qui supporte avec difficulté les fardeaux les plus pesants : en un mot, une vie de merde. C'est le "chameau" au sens de Nietzsche, qui traverse le desert seul et courbe l'échine sous le poids du fardeau qu'il porte.
Et puis, arrive Tyler. Tyler est beau, Tyler est intelligent, Tyler est drôle, bref, Tyler est parfait. Avec lui, le personnage principal se rebellera contre tout son petit monde, cherchant avec ténacité la liberté, et goûtant enfin au plaisir immense que procure le lâcher-prise. Le chameau devient lion.
Enfin, Tyler est beau, Tyler est intelligent, mais Tyler va trop loin (projet Chaos), et Edward Norton s'en rend compte. Il comprend enfin que la rebellion n'est pas une solution. Finalement, il parvient à se détacher de son accolyte Tyler : peut être parviendra-t-il à être autonome vis à vis du système, sans être opprimé par lui, sans non plus être contre lui : le lion devient enfant, réellement libre, car capable de créer lui-même son système de valeurs.
"Je vous ai nommé trois métamorphoses de l'esprit : comment l'esprit devient chameau, comment l'esprit devient lion, et comment enfin le lion devient enfant." Nietzsche.
Et Fight Club est l'illustration parfaite, parfaitement mise en scène, de ce que Nietzsche écrivit il y a plus d'un siècle.