Entrer dans le "Fight Club" cela revient à démarrer un "Free-to-play" : c'est ouvert à tout le monde, d'une gratuité la plus simple qui soit dans un monde pourtant engraissé par l'argent, on te fait côtoyer n'importe qui pour faire n'importe quoi. Tu débarques si l'humeur t'en dis, tu participes si tes tripes te disent oui. Mais arrivé à un certain seuil, il faut commencer à racler, avec ta consentance ou non, tu racles.
Blâme ? Sarcasme ? Accusation volontaire, involontaire ?
Le poids de notre interprétation n'est pas primordial, nous voyons et lisons tous une fable anarchiste, nébuleuse, et libertaire si on veut.
Et puisqu'on parle de "libertééé" : pourquoi se fait-il qu'une espèce de fan absolu, une "espèce" adhérant à Fight Club, se refuse et se bloque face aux avis à l'opposé du sien ? Nous sommes supposés être "libre" d'apprécier ou non cette oeuvre "libertaire" (je me répète) comme ça nous semble juste. On mange le pain qui nous a été donné, on se saoule du vin qu'on a ingurgité : autrement dit, on ne se complaît pas dans un idéal de pensée, on l'applique de la façon qui nous accommode le mieux.
Entrer dans le "Fight Club" ne résoudra pas tes problèmes. Ca se complique, ça s'atténue parfois, ça amorce d'autres problèmes, mais finalement on est tous pris au tournant par un tourment métaphysique décuplant les images chocs.
Un ressenti plutôt favorable jusque là, mais il y a bien un ou deux reproches à faire au film de Fincher. Les combats d'abord, certes ils cognent très durement, mais c'est plus de la gonflette qu'autre chose. Toutes les éclaboussures d'hémoglobine et les hématomes apparents ne rendent pas ces moments de castagnes aussi excitants qu'on pouvait le croire. Ce sont davantage des outils scénaristiques que des outils de mise en scène, et ce n'est pas plus mal si on voit ça sous cet angle.
Fight Club est un animal indomptable dont l'audace s'emplit d'une mystification bariolée, prévoyant deux visionnages plutôt qu'un. Et au-delà de notre jugement personnel... on peut au moins lui reconnaître une chose de démonstratif : Fight Club a lobotomisé le cerveau de certains de ses fans à la manière de ses membres fictifs.
Troll à part, Fight Club est une expérience follement classe, quelque peu péremptoire, à la fois avisée et improvisée. Un beau et bon film. Un grand film ? Je ne sais pas encore, j'attendrai qu'il grandisse avec moi...