Fight Club est vraiment un film étrange, qui ne saurait nous laisser indifférents. Après ce premier visionnage, je ne parviens pas vraiment à définir si j’ai aimé ou pas ce que j’ai vu, un dilemme, surtout lorsque je découvre les nombreuses notes élogieuses de mes amis éclaireurs, et la sublime moyenne qu’il obtient (8.1, ce qui ici équivaut à un 10/10, on ne va pas se mentir).
L’excellent David Fincher, dont j’apprécie le travail (surtout le film Seven), adapte ici le roman de Chuck Palahniuk. Un homme bloqué dans sa routine créée avec un individu rencontré dans un avion un club secret et clandestin permettant à ses membres de se mettre sur la gueule pour se sentir bien vivant. Selon le réalisateur, le film est une métaphore du conflit existant chez la génération X qui dénonce la société de consommation. Moi, ce n’est pas vraiment ce que j'ai vu, mais bon puisqu'il le dit, c'est que ça doit être ça, il sait tout de même ce qu'il fait...
Le film reçoit des critiques contrastés à sa sortie, la presse se déchire à son sujet, tout le monde y va de sa propre interprétation, ainsi que l'intrigue le souhaitait. C’est même un échec commercial aux États-Unis. Mais la postérité en fait un film culte.
Bon, bon, bon… qu’est-ce que j’ai aimé dans ce film ? La dimension complètement déjantée du scénario. Le fait que l’histoire débute avec des éléments improbables. Un mec qui enchaîne les réunions anonymes de toutes sortes pour vibrer intérieurement et dont les plans sont contrecarrés par la présence d’une intruse qui agit comme lui. J’aime bien l’idée de départ. La création du Fight Club est aussi un élément prenant de l’histoire. L’intensité du personnage principal (et tout ce qui le concerne) est un aspect qui me plaît beaucoup.
Le casting est très bien. J’ai adoré Edward Norton. Je l’apprécie dans tous les films où je le vois. Brad Pitt est étonnant. Il enchaîne des rôles qui sont des antithèses du héros beau-gosse, et je trouve ça génial. Je m’étais vraiment trompé à son sujet, ce n’est pas juste une belle gueule comme je le croyais, c’est un excellent acteur. Helena Bonham Carter est magnifique. Chacune de ses apparitions est entourée d’une aura sombre et énigmatique. Son personnage m’a vraiment déstabilisé.
D’une certaine manière, j’ai adoré la première partie du film. Pour être tout à fait honnête, il y a eu un stade où je me suis dit : « C’est bon, c’est bouclé, ce film est un coup de cœur, je vais lui attribuer 9 étoiles »… et puis, il y a eu la dernière partie.
C’est tout ce que je n’ai pas aimé dans ce film. Le fait que la fin soit ouverte, à l’appréciation du spectateur, ça m’a gonflé. L’intrigue ne retombe pas sur ses pattes, des intrigues secondaires ne sont pas clôturées. Pire que tout, le film semble se précipiter dans les dernières minutes pour nous balancer un dénouement éclaté ou plus rien n’a de sens, et où chaque personne rencontrée semble appartenir à une secte mondiale.
Et là, c’est le moment ou je spoile.
Bon, alors ça ne faisait aucun mystère pour moi le fait que le héros soit complètement barré. Les images subliminales en début de film (les flashs), et certaines répliques, m’ont rapidement fait comprendre qu’il souffrait certainement d'un trouble de l’identité multiple. J’ai été satisfait de voir qu’il s’agissait bien de cela. Sauf que j’imaginais que Tyler n’était pas le seul personnage créé par le narrateur. J’aurais aimé que Marla le soit aussi. Et même, j’irais encore plus loin, j’imaginais que le narrateur était complètement perdu dans la matrice qu’il avait créée, et que les personnes qu’il rencontrait, comme les flics qui veulent lui couper les burnes, étaient également des projections de son esprit. J’aurais préféré que les bombes n’existent pas, et qu’il se retrouve confronté à des malles vides, contraint de prendre conscience qu’il était plongé dans une paranoïa sublime, entouré de fantômes qu'il avait créés dans le but de vivre la grande aventure qui briserait un quotidien qui l'avait rendu fou. Bon, alors ça, c’est le Fight Club tel que j’aurais aimé qu’il soit.
Mais non, le dénouement, et bien plus facile, bien moins subtil, et surtout pas du tout crédible. Le narrateur fait exploser la ville après avoir corrompu la moitié des forces de police, il se tire une balle dans la tête pour tuer son alter ego, mais sans mourir lui-même (WHAT !), sa meuf qui assiste à tout ça, observe le spectacle d’une manière éperdument amoureuse… non, non, non, y a un truc qui cloche. Tu sais quoi Fight Club, on va faire comme si cette fin n’existait pas. Le narrateur est mort en se tirant une balle dans la tête, et puis les bombes n’existent pas, tout cela n’est que le fruit de son imagination, ça vaudra mieux pour moi, je n’ai pas envie de faire le travail de projection à la place du scénariste, putain c’est pas mon rôle en tant que spectateur. Donc ça vaut mieux comme ça.
Bien évidemment, tout ce cheminement est le but recherché par les auteurs de ce spectacle, mais ce n’est pas parce qu’un travail se justifie, de manière tout à fait légitime d’ailleurs, qu’il en est bon pour autant. Tout cela est très subjectif. Pour ma part, j’ai été très frustré par cette fin, qui ressemble à un gros Fuck. Le film manque cruellement de morale, et ce n’est sans doute pas son intention de toute façon. Mais j’ai aimé l'ambition, le cadre de l’histoire, les personnages, et surtout l’ambiance malsaine et dérangeante qui s’en dégage. Voilà pourquoi je suis très divisé. Ce sera donc une moyenne de 6 étoiles en ce qui me concerne, parce que je n’arrive pas à trancher.