Oeuvre devenue culte pour toute une génération, « Fight Club » est intéressant à plus d'un titre. Outre son thème contestataire et son goût prononcé pour l'autodestruction, éléments qui ont su séduire une jeunesse névrosée et préparée dès son plus jeune âge à acquérir, sans trop réfléchir, le statut de consommateur, le quatrième film de David Fincher est surtout pourvu d'un scénario brillamment construit et d'une direction d'acteurs parfaite (Brad Pitt, Edward Norton et Helena Bonham Carter excellents). Dans un contexte de crasse urbaine, de mal-être identitaire, « Fight Club » transpire la folie furieuse et la rage viscéral. Attention cependant à ne pas perdre de vue qu'il s'agit avant tout d'une fiction d'anticipation sociale et que les divagations du fantasque Tyler Durden ne sont pas à prendre au premier degré. A titre personnel, je n'ai jamais pensé qu'il y avait un « message » dans « Fight Club » mais juste une histoire prenante, sur un sujet riche, et dotée d'une mise en scène très travaillée. La musique, les éclairages, les dialogues, la narration, les décors, les points de détail glissés par Fincher (images subliminales de Tyler au début du film) sont autant d'éléments qui font que ce film est toujours un plaisir à redécouvrir. En gros, derrière ses aspects bordéliques et nihilistes, « Fight Club » témoigne d'une certaine méticulosité de son réalisateur. Pas un chef d'oeuvre mais un film marquant, bien foutu et surtout, je le répéterai souvent pour Fincher, très bien construit.