La mainmise de TF1 sur la TV Française, la politique et l'opinion "grand publique" n'est plus à prouver. Cette chaine leader en France et appartenant au groupe Bouygues n'a pas toujours été une chaine privée rivée à ses profits et dont la programmation n'est qu'un accessoire pour générer plus de dividendes. Auparavant chaine publique gérée par l'état, elle fut privatisée de manière cavalière en 1987 et revendue au groupe Bouygues. Plusieurs grosses sociétés étaient présentes au rang des acheteurs. Mais Bouygues l'emporta finalement grâce à son "mieux disant culturel" qui promettait une programmation digne d'Arte aujourd'hui... c'est dire. Sur ces promesses, que l'on sait aujourd'hui fausses, Bouygues obtiendra de l'état une concession de 10 ans pour la chaine. Depuis 1987, cette concession a été renouvelée automatiquement 2 fois sans qu'il n'y ai aucune critique de formulée sur la programmation aux antipodes de ce qui avait été promis.
Fin de Concession est un documentaire qui raconte comment le groupe Bouygues a obtenu TF1 à l'aide de notre filou national Bernard Tapie. Pierre Carles démontre tant bien que mal comment l'état a accordé à une société privée, déjà bien portante, une chaine et une structure dont les bénéfices sont plus que juteux. Il tente de savoir pourquoi cette concession a été renouvelée sans qu'il y est de bilan sur les actes passés de la chaine. Toutefois, ce qu'il y a d'intéressant dans ce docu c'est surtout, et bien malheureusement, la difficulté avec laquelle l'enquête est menée. Pierre Carles a tout le malheur du monde à obtenir des interviews de la part des protagonistes de l'époque. Il écume la route et use son téléphone jusqu'a plus soif pour pouvoir obtenir du concret. Il prétexte, comme à son habitude, de faux thème d'interview pour rencontrer ceux qui ont construit le TF1 d'aujourd'hui.
De cela, découle une orientation inattendue du reportage qui se transforme en historique sur Pierre Carles lui même. Il est en effet malheureux de constater que la TV n'aime par que l'on fouille trop sur sa petite cuisine interne. Pierre Carles fait face à de nombreux refus ou à une mauvaise fois interplanétaire quand il obtient, à l'arraché, une interview. Dès lors, Pierre Carles met en scène ses péripéties pour boucler son documentaire. On pourrait se dire, que c'est une forme de fumisterie, mais il n'en est rien.
Fin de Concession est le docu idéal pour découvrir ce réalisateur, son œuvre et ce qu'il tente de montrer et démontrer depuis des années : une forme de paix sociale anesthésiante dont la TV est la pierre angulaire. A l'instar de "Pas Vu Pas Pris" fin de concession confirme qu'il y a des sujets à ne pas aborder à la TV. Je ne parle évidemment pas de sujets faussement polémiques ou l'on tape allégrement sur les grands industriels pour faire passer la TV pour un Robin Des Bois moderne, non. Ces sujets sont sur le fonctionnement même des media en général et ce qu'ils véhiculent comme idée sociales. Leur travers, leur hypocrisie et leur influence sur la politique... Pierre Carles aborde tout ces sujets en se faisant allégrement enguirlander, mettre à la porte, insulter et traiter d'anarchiste. Tout ces petits noms d'oiseaux prouvent que l'on ne peut pas parler de la TV à la TV.
Pour ceux qui connaissent Pierre Carles, Fin de Concession sera beaucoup moins pertinent que ses précédentes productions. Rassurez-vous Fin de Concession possède quand même son lot d'arguments chocs bien plus tranchants que n'importe quel documentaire polémique standard. Toutefois, le reportage est idéal pour découvrir le personnage dans ses péripéties pour parler de sujets dont "personne" ne veut entendre parlé. Ce n'est pas qu'il y a un désintérêt pour ce genre de documentaire, au contraire, mais plutôt qu'il y a un intérêt à ne pas les voir, et ne surtout pas les faire. C'est ce qu'il y a d'intéressant dans Fin de Concession, c'est la prise de conscience qu'il est temps de revoir le système médiatique dans son ensemble pour en faire un outil débarrassé du vernis social qu'il voudrait imposé. Fin de Concession est une bonne initiative malheureusement gâchée par des tabous qui ne devraient pas existés dans les media dit "libres".
