La positive platitude

Et ça fait bim bam boum, et ça fait des lumières dans le ciel et c'est joli. Non sans une honte quelque peu affichée avec fierté, cette introduction a autant de consistance que la platitude du scénario du film. Voyez vous, dans notre monde, l'un des mystères seraient, selon les lycéens présents dans le film, la forme des feux d'artifices.
Quelques bières consommées par l'équipe du film plus tard, l'adaptation de cette question encore plus importante que celle présente dans le "guide du voyageur galactique" va donner un film qui part aussi loin que la poudre à canon pourra l'emmener. Et ça va loin. Très loin.Trop loin.

L'histoire parle d'une bande de lycéens se questionnant sur la forme des feux d'artifices en fil rouge, avec notre héros, Norimichi qui se retrouve à aider sa camarade de classe, Nazuna, à fuguer alors qu'elle refuse de quitter le lycée où elle se trouve car sa mère souhaite refaire sa vie ailleurs.

Difficile d'imaginer que le studio Shaft était derrière cet anime. Il y a une marche infranchissable on dirait entre "Kimi no na wa" et ce film, si bien que j'ai vérifié à deux fois quel studio était derrière ce film. Ce n'est pas moche, mais je n'ai pas été soufflé alors que j'attendais quelque chose de ce studio dont la réputation n'est plus à faire. Il y a cependant une façon de jouer avec la lumière en accord avec le "délire/néant" qu'est le scénario, on note une cohérence de l'ensemble.

Paradoxalement, le son de l'anime est très très soigné. Gros point positif de l'anime, les chansons et doublages sont de très bonnes qualité, et aide à ne pas trop sortir du film. Vraiment une bonne note sur ce point, espérons que l'on retrouve les acteurs de doublage dans d'autres œuvres rapidement.

Quant à l'histoire, c'est là que le bas blesse, voire que le bas tue le film dans l'œuf comme pour faire une omelette (avec du riz dedans et un emoji caca dessus). Je ne sais pas si l'adaptation est proche de l'œuvre originale, mais il n'y a rien à sauver de l'histoire. Outre cette histoire absurde de feux d'artifice (parce que personne ne se pose la question qu'ils se posent), l'histoire entre nos deux protagonistes est forcée à mort, artificielle et sans aucun enjeu. Sans trop spoiler, Nazuna tombe amoureuse plus vite que dans un mauvais hentaï afin d'assurer une sorte de continuité à son histoire personnelle. Et là où c'est encore plus absurde que de penser que l'auto-tune est l'ultime outil pour mettre en valeur une voix, les hasards dans ce film sont absolument désastreux de non sens. S'il avait capturé Pikachu en jetant l'espèce de balle de verre, au moins j'aurais rigolé pour l'absurdité drôle, pas pour l'absurdité gênante du scénario. On rigole un peu nerveusement parfois, on se demande si le film a décidé d'avancer sans son spectateur tant les allers-retours n'ont pas vraiment de sens.
Au delà de la façon dont les protagonistes ne veulent pas que cette fugue ne gène les autres, cette épopée part en délire sous acide sans aucun sens, ni même un sens dramatique, ni même un sens touchant par la beauté de sentiments (qui se seraient manifesté par magie d'un coup). Soit j'ai loupé un truc, soit rien n'a de sens, et rien ne va. Tout est chaos, et l'on ne peut pas manipuler le temps et les lignes temporelles, et les billes de verre un peu cheloues.

La fausse bonne idée de 2018 était ce film. Prometteur sur le papier, ce film manque d'une histoire à raconter. Ennuyant, pénible à suivre malgré le fait d'être plutôt agréable à l'oeil et à l'oreille, cette œuvre pêche de ne pas être flatteuse à l'intellect. Difficile de s'attacher à des personnages si plats, sans aucune aspérités que celle que la situation leur donne. Et encore, en étant très très très gentil. Pas une catastrophe, mais un film moyen, qui cependant donne à voir un beau feu d'artifice original, c'est déjà ça.