J'ai eu un peu de mal, au début, et pendant une bonne partie du film : du mal, surtout, à m'attacher au personnage principal, tellement insupportable d'insolence, de vulgarité - et puis bornée, bravache, capricieuse, têtue comme un gosse de 3 ans. Et puis c'est un peu long, ce quotidien misérable où rien ne semble pouvoir avancer, où on se dit que l'ascenseur social ne bougera plus.
Heureusement, la présence de Michael Fassbender, dévastateur de sex-appeal, a quand même maintenu mon intérêt en vie et j'ai poursuivi. Et bien m'en a pris, car au final ce film est une bonne surprise. Sans être un chef-d'oeuvre, Fish Tank semble tissé d'influences - Ken Loach et Mike Leigh - tout en parvenant à faire jaillir sa propre voix. La peinture de l'adolescence est très intéressante en ce qu'on voit très bien qu'elle est ce moment ténu entre l'enfance et l'âge adulte, où l'individu est partagé entre ses envies d'insouciance, de jeux et la nécessité de gagner en maturité.
Mia, c'est un peu tout ça : une gamine qui a un baobab dans la main, insulte sa mère et sa soeur (et tout le monde, d'ailleurs) toute la sainte journée, tout en se berçant de rêves de gloire. Elle va devoir apprendre que la réalité suppose des arrangements, des efforts, des prises de conscience.
Le twist du milieu du film m'a beaucoup plu - même si la scène de sexe avec Fassbender m'a particulièrement choquée et déçue de la part de ce personnage que je croyais bien intentionné - l'action est bien présente, les personnages sont joliment filmés, avec beaucoup de subtilité, de justesse, et sans chichis aucun.
Je garderai en tête cette scène de fin entre la mère et la fille qui dansent sur Life's a bitch de Nas : un moment de complicité au-delà des mots qui semble réconcilier par la musique, ces deux êtres que la vie a fini par mettre dos à dos.
Une jolie fable sur l'apprentissage de la vie, sur les désirs contrariés, sur les rêves déçus et la réalité avec laquelle il faut bien apprendre à jouer pour tenter d'en tirer du bonheur.
Bien vu !