Que faire face à l'amoralité la plus parfaite ? Que faire lorsqu'un film ne prend pas parti, qu'il pose juste l'horreur devant nos yeux sans nous dire quoi en penser ? C'est la question qui me vient au sortir de Flandres, de Bruno Dumont. Le film est brut, épuré, dans sa mise en scène, son jeu d'acteur, son absence de musique, et si l'empathie vient au début, l'irruption de la guerre dans la trame du récit, avec les horreurs qui l'accompagnent, coupe court à toute forme d'attachement aux personnages : on devient aussi perdu qu'eux, on ne vaut pas mieux qu'eux. Pour ainsi dire, je n'ai pas aimé Flandres, au sens strict du terme. C'est impossible d'aimer avoir la guerre en face des yeux. Ici pas d'héroïsme, on meurt sans avoir rien pu faire, on tue des enfants, on viole des femmes, et même la sanction n'est pas jouissive. Tous sont mauvais, détestables, et s'il est difficile d'avoir de l'empathie, quand Flandres se conclut, on a de la pitié. Pour eux, et pour l'humanité.