Les premières images et la musique plutôt dramatique de Michel Magne annoncent un polar assez sombre. Mais dès que sont prononcés les textes de Michel Audiard, on sait qu'on entre dans une nouvelle parodie de gangsters façon Lautner. Et on n'a plus aucun doute à se sujet avec l'arrivée de Maurice Biraud, en commissaire de police, puis d'André Pousse, en chef de bande. Audiard est inspiré.
Précisément, la police et quelques voyous soupçonnent Catherine (Mireille Darc) de savoir où se trouve le magot de son défunt amant gangster. La singularité du personnage de Mireille Darc est de pouponner une nourrisson, comme sa nouvelle et inséparable amie d'ailleurs (Anouk Ferjac). Disposition incongrue qui ajoute au caractère parodique de la comédie. Ce sont deux femmes de caractère (et sensuelles, comme ne se prive pas de le montrer Georges Lautner) dans une adaptation d'une oeuvre littéraire que j'imagine un roman noir. Ce qui expliquerait quelques ruptures de ton, qui empiètent à peine sur le mode humoristique, où l'on devine que la cupidité générale est la thématique centrale, peut-être grave, du sujet originel.
Le film de Lautner et Audiard est très reconnaissable par ses figures de truand penseurs et phraseurs; dans le rôle principal (l'actrice s'émancipe particulièrement chez Lautner) Mireille Darc irradie de beauté, mais elle s'éloigne de la frivole gravure de mode parce qu'elle sait dire, elle aussi, le verbe audiardien. Le récit n'évite pas quelques baisses de régime mais il rest un bon cru du duo Lautner-Audiard.